Située à 120 kilomètres de la capitale, Bouira est traversée par la RN 5. Cette situation géographiquement stratégique fait d'elle une wilaya d'avenir. Le projet autoroutier Est-Ouest augmentera l'importance de cette circonscription décrétée wilaya en 1974. Composée de plusieurs ethnies, la population de la wilaya de Bouira a le mérite, à elle seule, de représenter la globalité de la nation algérienne. Chaque coin de la wilaya recèle un trésor d'histoire et de civilisation. En partant du Sud, Sour El-Ghozlane, Auzia, l'antique nom de la localité, remonte au XVIe siècle avant J.-C., fondée par les Phéniciens alors établis sur la rive sud de la Méditerranée. Pour se préserver des Numides, deux forteresses furent érigées par les Romains au Ier siècle avant notre ère. Le sour (le mur), en ruine actuellement, long de 800 m et large de 350 m, les quatre portes d'accès, les écritures puniques, la colonne d'Auzia, témoignent de la présence romaine qui avait établi une liaison avec Saldaé (Béjaïa actuellement). Autour du mur, vivaient 3500 autochtones, fidèles au chef de la révolte Takfarinas qui dirigea en l'an 17, une guerre contre les troupes de Tibère. Cette révolte ne prendra fin qu'en l'an 24 après une bataille que lui livra, à lui et à son guerrier Mazipa, le consul Donabéla à Tauzia et où Takfarinas trouvera la mort. Le chef berbère sera enterré dans la région d'El-Hakimia, commune de Sour El-Ghozlane. L'appellation actuelle trouve ses origines dans ce passé, mais aussi par rapport à la faune et la flore qui s'y trouvaient. L'arrivée des Français en 1830 ne changera en rien l'esprit résistant des populations de la région. De Gaulle a passé une nuit dans les locaux de l'actuelle daïra. Une simple visite à travers les rues de l'actuelle ville permet de retrouver cette stratégie mise en place par Bugeaud qui avait fortifié les casernements installés derrière le mur et la construction d'habitations aux colons de l'époque. Les historiens attribuent l'appellation d'Aumale au duc, qui, en 1843, s'illustrera en prenant la smala de Abdelkader et inaugurait le centre des colonisateurs en baptisant la ville de ce nouveau nom qu'elle gardera jusqu'a l'indépendance. Relevant de l'autorité du wali de Titteri, Sour sera rattachée en qualité de chef-lieu d'une daïra à Bouira en 1974, la population qui était de 7400 habitants en 1954 augmentera sensiblement après l'indépendance avec l'exode résultant de la mise en place d'un plan de développement qui connaîtra une nette amélioration entre les années 70 et après 80 avec, notamment, la domiciliation de plusieurs unités de production telles que l'Ercc, l'Enad, la Sotexbo... Bouira, le chef-lieu, Thoubirats pour les natifs, a connu, pour sa part, une histoire riche en événements. Sujette à plusieurs colonisations, la ville garde des traces de la présence turque. Le fort de Draa El-Bordj, aujourd'hui squatté par des riverains ayant fui le terrorisme, a servi de siège au représentant du dey, gouverneur d'Alger. L'origine de l'appellation continue de nos jours à susciter les débats. Si certains défendent la dénomination de Hamza et tentent de l'assimiler à la région arabophone de Hamzaouia (Aïn Bessem) beaucoup défendent la version de Thoubirats, eu égard à la prospérité du néflier et des vergers qui entouraient cette ville (Thoub'rasth étant le néflier en kabyle). D'autres attribuent le nom à une légende, selon laquelle, le nom daterait de la colonisation quand un enfant répondra à un militaire en disant Boui (mon père Rah est parti). Cette version, est toutefois, considérée comme trop simple pour être vraie. L'autre fait qui témoigne de la présence turque, reste le tunnel enseveli qui relie le fort à la mosquée Ben Badis au centre-ville. La colonisation est encore marquée par l'architecture de l'ancienne ville. Les quartiers bâtis autour de la rue Foch, quartier résidentiel colonial, prouvent que la ville était un enjeu important pour l'administrateur français de l'époque. Là aussi, et à l'instar des autres agglomérations de la wilaya, la résistance à la présence coloniale sera farouche.