Continuer à la faire dépendre d´autres circonscriptions administratives est perçu comme un mépris. Bouira est wilaya depuis 1994. A ce jour, elle continue à dépendre administrativement d´autres wilayas plus anciennes. Ainsi, l´ensemble des directions régionales sont implantées à Tizi Ouzou, Sétif, Blida...Ce constat fait dire, à certains que Bouira n´est en fait qu´une sous-wilaya, d´où l´immense retard subi sur l´ensemble des plans. Certes, l´affectation des directions régionales obéit à des paramètres, mais depuis 1994, beaucoup de choses ont changé et stratégiquement, Bouira est la mieux lotie géographiquement. Un fait banal confirme cette thèse. Traversée par la RN d´Est en Ouest, par la voie ferrée, l´autoroute Est-Ouest, la wilaya de Bouira est plus facilement accessible. Située à 120km d´Alger, aux portes du Grand Sud, à la même distance du port de Béjaïa et de la capitale des Hauts-Plateaux, Bouira, que traversera prochainement la rocade Est-Ouest est le centre du pays. Continuer à la faire dépendre d´autres circonscriptions administratives est perçu comme un mépris. Cette dépendance, pour les plus avertis, coûte des milliards de centimes aux caisses du Trésor localement. La Cnep, la BEA, la Cnas, les impôts, la Sonelgaz, l´ADE...pour ne citer que ces cas, continuent à dépendre d´ailleurs, d´où leur incapacité à prendre des décisions qui peuvent faciliter beaucoup de choses et éviter aux citoyens des déplacements périlleux et des attentes parfois qui s´éternisent. On a souvent entendu parler de dossiers restés sans réponse depuis la direction régionale ou générale. Pénalisée par cette répartition administrative, la wilaya de Bouira est aussi victime d´un phénomène qui se répète et suscite des interrogations. De nombreux responsables sont affectés à Bouira après avoir été cités dans des scandales ailleurs. L´autre raison évidente du retard est à mettre à l´actif du statut même de cette wilaya. Etiquetée de wilaya à vocation agricole, mais sans jamais bénéficier d´un budget spécial ou d´un programme de développement particulier pour l´essor de ce secteur, Bouira vit l´incertitude. L´exemple de la raffinerie prévue puis redomiciliée est là pour confirmer et donner raison aux citoyens. Ce projet, qui devait résorber considérablement le taux de chômage, annoncé un peu partout et qui aurait eu l´aval définitif au regard des paramètres qu´offre cette wilaya, aurait été détourné à la dernière minute. S´agissant de la vocation agricole, il y a lieu de dire qu´en bénéficiant d´une superficie immense, de la disponibilité de l´eau, la région reste dépendante du bon gré des affairistes. Produisant, à titre indicatif, des quantités de pommes de terre à même de nourrir toutes les régions aux alentours, le citoyen de Bouira continue de payer le prix fort. Les prix sur les étals défient l´entendement. La viande est toujours un luxe. Les sacrifices consentis par l´Etat sont énormes, mais leur répercussion est minime, puisque Bouira reste une des villes les plus chères d´Algérie: un autre titre déshonorant. La production céréalière, qui a doublé en moins de trois années, n´empêche pas le risque de disparition de l´unité Eriad, longtemps qualifiée de la seconde en Afrique. L´idée de céder cette unité n´est plus fictive, mais réelle. Une recherche pour solutionner cette contradiction est peut-être utile. Les EAC sont, depuis des années, en souffrance pour des histoires de paperasse. L´organisme chargé de la gestion des périmètres irrigués «Epibo» se débat dans des crises d´endettement, sans que nos grands élus daignent solliciter les pouvoirs centraux. En marge, on nous réconforte avec des illusions du genre: Bouira sera avec les barrages de Tilesdit et Koudiet Acerdoun, le point d´alimentation de Sidi Aïssa, d´Alger...Le projet est indiscutablement pourvoyeur, mais quel bénéfice tirera le citoyen. Dans un autre contexte, des milliers de logements se dégradent, alors que plus de 33.000 habitations sont recensées vétustes et à risque. Voilà un autre dossier pour nos chers élus d´Alger. Depuis l´indépendance, les habitants de Gouizi voient des commissions défiler. Le nombre de demandeurs augmente. L´administration, elle, promet de régler. Les choses ne peuvent bouger que quand il y a des hommes derrière. Les élus nationaux sont ces personnes qui sont capables de secouer le cocotier. Hélas, et depuis sa promulgation, à l´ère du parti unique, même les représentants du peuple venaient d´ailleurs. De nos jours, et si on excepte l´actuel sénateur, le docteur Bouha, aucun élu n´a ouvert une permanence au niveau local. Certes, le rôle d´un député n´est pas de récolter les doléances, mais il peut intercéder de par son statut aux administrations qui, parfois, tardent à régler le moindre problème du citoyen. Les députés, toute appartenance politique confondue, s´exhibent quand il s´agit d´accueillir une personnalité, mais brillent par leur absence, le reste de l´année. Les débats transmis à la télévision ne nous ont jamais permis de voir un élu de Bouira taper sur la table pour défendre cette région. Pour être réaliste, il est nécessaire de préciser que certaines choses ont été faites. Ainsi, pour le domaine de la jeunesse, les efforts ne manquent pas mais restent insuffisants. Là aussi, les jeunes de la wilaya ne sont pas ciblés directement. La construction du stade OMS a duré plus de 20 ans. Passant de 5000 places à 10.000, le stade n´est pas près d´accueillir les jeunes de Bouira. Relevant d´un organisme autonome, l´Opow, ce mini-complexe exige de l´argent pour combler ses dettes et permettre la gestion des structures. La piscine, la salle OMS sont aussi des bijoux architecturaux, mais inaccessibles au commun des Bouiris. En parallèle, la wilaya, malgré l´acquisition de plusieurs complexes de proximité, continue à souffrir d´un manque, eu égard au nombre de jeunes qu´elle englobe. Les APC ont fait un effort cette année, grâce à l´embellie financière, pour aménager des aires et terrains au niveau des quartiers. Les grands projets ciblent l´élite et oublient le sport de masse. L´éducation nationale, qui constitue peut-être la seule satisfaction quant au nombre de scolarisés, n´est pas épargnée par un manque flagrant d´enseignants dans certaines matières. L´obligation de restituer le logement aux enseignants est, à notre avis, le moyen capable de régler ce déficit. Dans une première édition, nous avons soulevé le cas de l´université qui formera des juristes et des licenciés en lettres arabes. Ces deux vocations ne sont pas une nécessité pour la wilaya qui a surtout besoin de personnes qualifiées en sciences. Traversée par plusieurs kilomètres de la RN5, le tronçon le plus meurtrier d´Algérie, la wilaya a besoin de secteurs sanitaires susceptibles de répondre à l´exigence. L´actuel DSP a redynamisé les choses, mais il a besoin, en haut lieu, de l´apport des élus pour revoir le statut des hôpitaux de Bouira, Lakhdaria, Aïn Bessem, M´Chedallah et Sour El Ghozlane. Pourquoi pas des CHU? On peut continuer à énumérer les secteurs, et dans toutes les circonstances, l´effort local ne peut repondre à toutes les exigences. La situation géographique, sa proximité avec la capitale et de nombreuses autres grandes villes du pays sont une aubaine pour Bouira. Seuls les élus nationaux et les responsables de l´exécutif peuvent convaincre le pouvoir central de cet avantage. Peut-être que Bouira deviendra, alors, une vraie wilaya?