«Tous les boxeurs que Benguesmia a battus sont de simples loosers». Voilà un message bien singulier de deux pugilistes inconnus de la majorité des Algériens, exceptés les branchés qui ont l'habitude de suivre leurs exploits par le biais des paraboles. Eux, ce sont deux boxeurs franco-algériens, Kamel Amrane et Bouziane Djoudi. En outre, et selon leur coach, Houari Amri, ils sont prêts à relever le défi à tout moment. Apparemment, la boxe est une affaire de famille chez les Amrane. Fils d'un ancien champion d'Afrique (mi-lourds) 1955/56, Ali Amrane Kamel ne pouvait échapper à sa destinée. En sept ans seulement de pratique, Kamel Amrane (27 ans) a défrayé la chronique pour avoir disputé le titre de champion d'Europe des poids mi-lourds (79 kg). Titre perdu en Italie au profit de l'Italien Yawé Devis, après avoir lâché le titre de champion de France pour disputer justement le titre européen. En cinq ans de carrière chez les professionnels, Amrane a disputé 25 combats pour 22 victoires, 1 nul et 2 défaites dont la première pour le titre de champion d'Europe en Italie contre l'Italien Devis et la seconde contre l'actuel champion du monde de la catégorie, le Français Jean-Marc Marmeque, originaire de Tizi Ouzou (Larbaâ Nath Irathen). Kamel, rencontré à Tamanrasset à l'occasion de la semaine olympique s'est dit ravi de retrouver le sol de ses aïeux. Mais sa présence, à l'instar de son compère Bouziane Djoudi, est loin d'être uniquement touristique puisque le but essentiel est la redynamisation de la boxe professionnelle en Algérie et la préparation du combat contre le Gitan, Jackson Chanet, fils de Jean Chanet, pour le choc communautaire. En outre, son manager Houari Amri a mis à profit ce séjour pour lancer un défi à Mohamed Benguesmia (mi-lourds) et Mohamed Yassa (super-plume) et cela, là où ils veulent et quand ils veulent. De l'arrogance et de l'assurance! Actuellement, Kamel Amrane est le challenger officiel pour le titre vacant de champion de France et le numéro 2 pour le challenge du titre européen. D'ailleurs, il a refusé de reconquérir ce titre le 8 février prochain contre l'Allemand Thomas Ulrich, en raison du court délai imparti. A l'inverse de Amrane, Bouziane Djoudi (26 ans), a commencé très tôt la pratique sportive avec la boxe française par l'intermédiaire de son frère, vice-champion du monde 1993/94 sous les couleurs de l'Algérie, avant de décrocher le titre européen pour la France. Ensuite, il opta pour la boxe anglaise où il disputa 30 combats (25 victoires et 5 défaites) chez les amateurs. Au cours de sa carrière, il a décroché le titre de champion de France en amateur et pris part aux championnats du monde militaire 1997 et jeux méditerranéens. Et depuis 1998, il a franchi le pas pour passer chez les professionnels où il disputa 15 combats pour deux défaites seulement dont la dernière aux points, le 2 novembre dernier contre...pour le compte du championnat d'Europe à Rouen. Pour la conquête de ce titre, Bouziane est obligé de reconquérir le titre de champion de France, pour se replacer dans le classement européen. Mais avant cela, Bouziane a émis le souhait de venir boxer en Algérie pour remonter le niveau de la boxe même «si les infrastructures sont meilleures en France» avant d'ajouter «la meilleure consécration est celle que tu décroches chez toi». De son côté, leur manager n'y est pas allé avec le dos de la cuillère pour fustiger ceux qui sont responsables de la déperdition de la boxe en Algérie. Questionné sur les chances de Amrane face à Benguesmia, Amri s'étonne qu'on fasse de la publicité à un boxeur qui n'a jamais croisé les gants avec un autre Algérien avant d'affirmer que tous les boxeurs que Benguesmia a battus sont de simples loosers, c'est-à-dire payés pour se coucher au moment voulu. Voilà qui mettra du piment à la soupe.