Malgré le retrait de la chanteuse Chérifa et d'Akli Yahiaten consacrant officiellement, l'année de l'Algérie en France 2003, la manifestation a été une grande réussite. L'Année de l'Algérie en France a officiellement démarré mardi soir par un mégaconcert auquel ont assisté plusieurs milliers de spectateurs dont une grande partie de Maghrébins. L'événement culturel de l'année 2003 pour la France et l'Algérie s'est finalement très bien déroulé et ce, malgré les appels au boycott lancés par une pléiade d'artistes kabyles. M.Hervé Bourges, président du comité mixte d'organisation, est intervenu quelques minutes, devant une foule en délire pour donner officiellement le coup d'envoi de la manifestation. Il a déclaré que l'Année de l'Algérie en France 2003, permettra enfin de célébrer l'Algérie, son passé, son espoir, au travers de son expression culturelle. Le concert intitulé L'Algérie au coeur a rassemblé toutes les expressions musicales algériennes des plus traditionnelles tels l'andalou, le chaâbi ou le chaoui au plus modernes comme le raï, le kabyle ou le rap. Ainsi, les stars de la chanson algérienne figuraient au podium de la plus grande soirée réservée à Algérie à Bercy après le fameux «1, 2, 3 soleil». Il y avait, entre autres, Houria Aïchi, la diva des Aurès, Baâziz, le chanteur contestataire, Koceila, représentant la chanson kabyle, Larbi Dida, le leader d'ONB, Othman Bali, la voix du Sud, le maître du chaâbi Abdelkader Chaou, l'étoile montante du raï, Chaba Djenat qui fera exploser la salle, le choeur des Chaouis, Kacho, mais aussi les vedettes mondiales du raï cheb Mami, Khaled et Bilal. Le tout dirigé par l'orchestre de Ouameur, excellent, qui a remplacé haut la main, le virtuose Amin Kouider, qui s'est retiré de la manifestation. Ce spectacle, qui a été à la hauteur de l'événement, a duré 3h 45, au grand bonheur des 15000 spectateurs. L'Algérie au coeur qui a fait participer 23 artistes, 36 musiciens, 25 choristes de la polyphonie Nagham, le tout pour un budget estimé à 800.000 euros, a été retransmis en direct sur Beur FM et filmé par l'Entv et France Télévisions. L'Année de l'Algérie en France 2003 a été soutenue par plusieurs médias français, comme TV5, la chaîne francophone, Arte, Ulysse (Télérama), la chaîne Histoire et Global vision. La manifestation a été soutenue également par le Centre national du cinéma, le Centre national du livre, l'Institut du monde arabe et l'Unesco. Ce début réussi de l'Année de l'Algérie en France va néanmoins mettre un terme à la polémique lancée par les artistes kabyles, comme Takfarinas ou Ferhat Mehenni. Ce dernier est intervenu dans la presse pour fustiger le gouvernement français pour avoir hébergé la manifestation. Il faut signaler aussi que le retrait, à la dernière minute du programme, des figures emblématiques de la chanson kabyle, la grande Chérifa et Akli Yahiaten, n'a pas eu d'incidence sérieuse sur le déroulement de ce mégaconcert. Le concert de Bercy a ouvert le bal à 2000 manifestations culturelles à travers l'ensemble de l'Hexagone et qui dureront 12 mois. Parmi les moments forts de «Djazaïr 2003» on relève l'hommage de la Comédie française à l'écrivain Kateb Yacine. Une grande exposition autour de l'Emir Abdelkader se déroulera au Centre historique des Archives nationales ou encore un colloque, des débats et une exposition consacrés à l'écrivain Mohamed Dib à la Bibliothèque nationale à Paris ainsi qu'à la Comédie du Livre à Montpellier. «L'Algérie antique» sera à l'honneur au Musée d'Arles antique, le Sahara au Museum d'histoire naturelle à Paris et les sites phares du Patrimoine mondial en Algérie à l'Unesco. Le Musée national des arts et traditions populaires de Marseille explorera «Sept siècles de magnétisme» avec Alger, à travers des oeuvres d'art populaire et décoratif, des peintures, sculptures et des objets archéologiques. «Les Années Abdi» permettront de parcourir les années 20 de création du designer algérien en France à l'Institut du monde arabe à Paris, qui accueillera également un «Salon du livre Euro-arabe». La Rochelle verra la création de deux spectacles de danse, Mekench mouchkel (y a pas de problème) des chorégraphes Kader Attou et Mourad Merzouki et Paris-Alger de la chorégraphe Nacéra Belaza, qui seront ensuite dans plusieurs villes françaises. Les rendez-vous culturels annuels, tels que le Salon du Livre, la Fête de la Musique, «Paris, Quartier d'été» et les nombreux festivals dédiés au 7e art, du «Cinéma du Réel» au Centre Pompidou au Festival du court-métrage de Clermont-Ferrand en passant par le Festival des Trois continents à Nantes seront autant d'occasions à célébrer la création algérienne. Une manifestation majeure qui va rapprocher les deux rives de la Méditerranée et consolidera les liens déjà très étroits entre l'Algérie et la France.