Cette embuscade tendue par le Gspc continue d'attiser le débat au sein de l'armée. Quarante-huit heures après l'hécatombe qui a accompagné l'attaque du Gspc contre un détachement militaire, le général-major Saïd-Bey entame une vaste opération de ratissage qui, selon des sources crédibles, a nécessité la contribution de troupes héliportées et d'armement lourd et sophistiqué, en plus de corps d'élite et de spécialistes militaires de terrain. Premier bilan de cette première étape de ratissage: trois islamistes, vraisemblablement affiliés au Gspc de Hacène Hattab, tués et plusieurs caches localisées et détruites. Le commandant de la 5e Région militaire, Saïd-Bey, entame, en fait, une véritable course contre la montre, car en peu de jours, les hommes de Hattab se seront totalement fondus dans le dense tissu urbain des villes et villages jouxtant le pourtour des Aurès. Pour l'autorité militaire, il est presque inconcevable que pareils effectifs (du Gspc) arrivent à se mouvoir dans l'Est sans de solides appuis et groupes d'aide et de soutien pendant leurs escales. Entendre par-là que les cellules d'assistance aux groupes armés sont à ce point efficaces pour prendre en charge dix, vingt, voire cinquante hommes en mouvement de repli. Première conséquence de ce constat: l'arrestation de huit personnes accusées de constituer un réseau de soutien du Gspc, en liaison avec les auteurs du carnage qui a coûté la vie à une cinquantaine de militaires en patrouille de reconnaissance, à Theniet El Abad, aux confins de wilayas entre Batna et Biskra. Sous la direction directe du général de corps d'armée Mohamed Lamari, la campagne de ratissage, actuellement menée, ne doit pas ressembler aux autres, et devrait aboutir à des résultats tangibles. La colère avec laquelle Lamari avait accueilli l'information et la sévérité qui a accompagné ses directives par la suite, ont fait dire à ses propres collaborateurs qu'il a mis «toute sa crédibilité et ses compétences militaires» pour effacer «cet affront». Les militaires avec près de 170 tués entre début janvier 2002 et début janvier 2003 ont été particulièrement ciblés par la nouvelle stratégie des GIA. Même les organisations terroristes du Centre et de l'Ouest ont souscrit à cette optique, de telle sorte qu'on constate, depuis l'été 2002 notamment, beaucoup d'actes de violence qui ont résolument et ostensiblement ciblé l'armée à Chlef, Aïn Defla et Saïda entre juin et décembre 2002. Ce n'est donc plus le seul Gspc qui fait un sacerdoce de cibler des militaires, mais aussi le GIA, le Ghds et le GSC, ce qui renseigne, peut-être, d'une nouvelle (ré) orientation en ce sens.