Le Gspc et le GIA semblent se répondre en écho par massacres interposés. Après le «coup réussi» à Aïn Defla, il y a une quinzaine de jours, le GIA a encore réussi le même coup, avant-hier, dans les maquis de Mongorno, dans la proche périphérie de Berrouaghia, à Médéa où huit autres militaires ont été tués. Les similitudes dans l'attaque, le repli, la zone d'activité et le mode opératoire renseignent sur la nature de l'organisation qui a perpétré l'un et l'autre de ces deux attentats, le GIA, qui même diminué, continue à se manifester par des violences épisodiques d'une extrême cruauté. L'attaque de mardi, perpétrée au Mongorno, distante de 14 kilomètres à l'est de Berrouaghia, avait eu lieu avant la tombée de la nuit, «vers dix-sept heures quarante minutes», précise une source militaire. Le détachement militaire, porté par un camion de transport de troupes, a été pris «en tenailles» par les feux nourris d'un groupe armé embusqué des deux côtés d'une route en zigzag et fortement boisée. Pour désarticuler le conducteur, une bombe artisanale avait explosé quelques secondes seulement, avant l'attaque, immobilisant, par la poussière qui s'était soulevée, le camion des militaires. Selon des sources à Médéa, l'attentat contre l'armée, le second en douze jours, devait être perpétré par un groupe assez important, de quinze à vingt hommes, capable de mener à bien une embuscade de cette envergure contre un détachement militaire. Des armes automatiques, des kalachnikovs, dix ou douze pièces, ont été prélevées sur les militaires tués, vraisemblablement des soldats de troupes (HDT) pour la majorité d'entre eux, qui, comme à chaque rotation, s'apprêtaient à approvisionner les postes avancés et les miradors en vivres et en eau. La région montagneuse de Médéa est occupée généralement par le GIA, mené par Oukali Rachid, dit «Abou Tourab» mais aussi par le fantomatique Gspd, groupe armé composé d'une cinquantaine d'hommes et dirigé par Abdelkader Saouane, dissident dès 1997, du GIA, avant de créer sa propre organisation et s'inscrire dans une logique de guerre proche du Gspc. Un GLD a été, de son côté, assassiné, avant-hier, dans la périphérie de Tigzirt à l'ouest de Tizi Ouzou, par un groupe du Gspc local. L'homme, membre du groupe local de défense, a été intercepté au volant de sa voiture, arrêté et tué à bout portant par balle dans une région dominée par les hommes de Hattab. Le Gspc et le GIA semblent se répondre en écho par massacres interposés et se disputer les Unes de la presse depuis quelques jours. La relative accalmie qui a duré tout l'été semble prendre fin avec la rentrée, et l'on a décompté quelque cinquante personnes assassinées pour le seul mois de septembre. La mécanique des massacres liée à des groupes armés redémarre dans un contexte politique particulièrement difficile en Algérie, avec, notamment, le retour des émeutes, la radicalisation des revendications, la fermeté dans la répression des appareils de sûreté, etc. Soit autant de motifs qui alimenteront le terrorisme des groupes armés et leur permettront, par le biais de la déception sociale, de puiser dans la jeunesse urbaine et rurale marginalisée.