Comme chaque année, la majorité du peuple algérien célèbre le 12 janvier. Montagnards ou citadins ont, de bonne grâce, conservé cette tradition millénaire de l'histoire de notre pays et, à chaque rendez-vous, lui réserve des repas plantureux pour que chaque fêtard accueille la nouvelle année dans un état de rassasiement car, selon le vieux dicton berbère, «Anda yella l'khir iguerennou», d'où le rite propitiatoire qui découle de cette manifestation du nouvel an ancestral. Cette fête, qui caractérise surtout un calendrier berbère en avance de 950 ans sur le grégorien (oeuvre du pape Grégoire XIII), qui survit dans la mémoire de notre histoire et de notre identité nationale, a deux hypothèses d'existence. La première consiste en la commémoration de l'envahissement du territoire d'Egypte sous le règne de Ramsès III par le roi Chechnak en l'an 950 avant J.-C. Cet événement amazigh de l'histoire est donc pris comme repère du début de tout calcul calendaire. La deuxième, qui reste, selon les recherches entreprises à ce jour, la plus plausible, est la réforme du pape Grégoire le grand par rapport au calendrier julien qui accuse actuellement un retard de 12 jours sur le grégorien. L'Algérie donc de bout en bout et toutes classes politiques confondues ne compte pas renoncer à cette tradition ancestrale. De toutes les revendications politiques, la journée de Yennayar est considérée comme une dimension identitaire incontournable dans les esprits de nos traditions. Elle a toujours fait partie des grands débats identitaires et revendicateurs et ce, depuis les événements du printemps berbère des années 80 et des grandes luttes berberistes. Après la satisfaction de la majorité de la plate-forme d'El-Kseur et la reconnaissance de tamazight, comme langue officielle de l'Algérie, la chance de voir en la journée de Yennayer une fête nationale et une journée chômée et payée, a toutes les prédispositions opportunes pour dépasser les barrières politiques et lever les immuables tabous politiques. Le Haut Commissariat à l'amazighité oeuvre, actuellement, dans ce sens afin d'essayer d'arracher à l'administration nationale la reconnaissance de cette journée millénaire. La bonne nouvelle de l'année 2953 de l'ère julienne est la contribution des services des oeuvres sociales du ministère de la Culture qui organisent aujourd'hui une collation pour fêter cette journée préservée dans la mémoire patrimoniale collective de l'histoire de l'Algérie en dépit des courants fatalistes qui n'ont jamais réussi à effacer de l'Algérien ni ses origines ni son identité et encore moins ses traditions.