Les six détenus de la Cadc, incarcérés à la maison d'arrêt de Tizi Ouzou, ont interrompu, hier, leur mouvement qui durait depuis le 3 décembre dernier. Cette décision avait été prise à l'unanimité par les six détenus, Belaïd Abrika, Rachid Allouache, Mohamed Nekkah, Mouloud Chebhab, Lyès Makhlouf et Tahar Allik à l'issue d'un miniconclave tenu dans la soirée de dimanche dernier à l'intérieur de la prison. Dans une déclaration remise à la presse par le biais du collectif d'avocats, les détenus grévistes de la faim disent surseoir à leur action afin «de répondre favorablement aux multiples appels des sages, doyens, parents de martyrs, nos familles et amis, des pétitionnaires et de la population en général». Ainsi «après 41 jours de la grève de la faim, tout en étant conscients de la responsabilité historique qui nous incombe», les détenus qui se considèrent «otages du pouvoir» ont mis un terme à une action enclenchée le 3 décembre dernier et qui a suscité «énormément d'adhésion, de sympathie, de solidarité et de soutien émanant de tous les coins du monde». Cela dit, Abrika et ses compagnons ont tenu à féliciter leurs pairs qui ont organisé «une multitude d'actions au niveau national et international». Cependant, ils ont déploré l'absence d'une assistance médicale «durant cette rude épreuve», tout en préconisant «de renforcer cet élan de solidarité qui nécessite une réflexion pour assurer sa continuité en le formalisant davantage afin de continuer le combat face à un régime totalitaire et dictatorial». Dans leur déclaration, les grévistes de la faim ont dénoncé «le pouvoir assassin, oppressant et mafieux, lequel, face à cette mobilisation grandiose, a observé un silence radio sur le sort des détenus qui risquaient de mourir». En outre, ils ont relevé que «durant toute l'action, ni le procureur, ni le juge, ni même le directeur de l'établissement pénitentiaire nous ont rendu visite», au contraire, ces derniers «ont rendu notre séjour en prison insupportable», ajoutent-ils avant d'enchaîner qu'«à plus de 20 jours de la grève de la faim, ils ont ordonné notre isolement dans des cellules glaciales et infectes sans oublier les agressions morales et physiques et un embargo sur la presse». Inéluctablement, le ministre de l'Intérieur, M.Zerhouni, n'a pas été oublié par les délégués-détenus de la Cadc. «Nourri de contradictions, de bavures, de mensonges et spécialiste de la provocation et tristement connu pour ses gaffes, Zerhouni est sorti de son mutisme, comme à l'accoutumée, pour confirmer qu'il est mal informé», lancent-ils à son endroit. Les grévistes de la faim n'ont pas été tendres envers le ministre de l'Intérieur en décelant chez lui «une volonté macabre de les laisser périr en prison». Or, ils lui dénient le droit de parler de justice en affirmant: «Le premier qui doit être jugé c'est bien lui». Enfin, les signataires de la déclaration, concluent par la prophétie de feu Boudiaf «Où va l'Algérie?». Ainsi, après cette décision des détenus de mettre un terme à leur grève de la faim, un élément de la crise de Kabylie a été résolu. Toutefois, les ârchs déterminés à poursuivre leur combat vont se rabattre désormais sur leur revendication originelle, à savoir satisfaction pleine et entière de la plate-forme d'El-Kseur.