Ils en sont, aujourd'hui, au 36e jour de leur grève de la faim, entamée le 3 décembre dernier à la maison d'arrêt de la ville des Genêts. Ce supplice, qui dure, a certes mobilisé des pans entiers de Kabylie, mais laisse de marbre les pouvoirs publics, impassibles aux multiples élans de solidarité suscités par ce facteur supplémentaire de la complication de la crise de Kabylie. C'est dire que le pouvoir joue à la guerre d'usure et les ârchs, pris dans ce piège, sont de plus en plus éloignés de leur revendication-mère qui est la satisfaction pleine et entière de la plate-forme d'El-Kseur. En effet, à présent, la protesta s'est réduite à l'exigence de la libération des détenus, ce qui nous pousse à dire que le plan du pouvoir a, jusque-là, fonctionné en érigeant un point parmi d'autres contenu dans le bréviaire des ârchs, qu'est la plate-forme d'El-Kseur, en une sorte d'ultima verba pour un mouvement pourtant aguerri par deux années de combat et souvent sujet à des tentatives de manipulation, de récupération et surtout de manoeuvres de toute part. Or, désormais, le jeu est clair. Le pouvoir n'est pas prêt à faire aucune concession aux ârchs et ne conçoit aucunement une solution politique à la crise. La «guerre» sera celle des manoeuvres et du chantage et la carte des détenus sera abattue au moment opportun, probablement celui des partielles. Concernant l'état de santé de ces détenus grévistes de la faim, Me Salah Hanoune, un des avocats de la défense, avoue qu'«il est alarmant». Selon cet avocat, dont la dernière visite à la maison d'arrêt de Tizi Ouzou remonte à dimanche dernier, «les six détenus sont très affaiblis et il y a, à présent, risque de mort d'homme sans que cela émeuve outre mesure le pouvoir». A ce titre, nous avons appris que Belaïd Abrika se déplace sur un chariot, Rachid Allouache est dans un état semi-comateux, Mouloud Chebheb a le ventre enflé et que Mohamed Nekkah présente une hypoglycémie. Par ailleurs, Me Hanoune nous a indiqué que le collectif des avocats a introduit un appel à la suite du rejet de la chambre d'accusation près le parquet de Tizi Ouzou de la demande de liberté provisoire pour des «raisons humaines» aux six détenus de la Cadc.