Belaïd Abrika et ses co-détenus ont décidé de suspendre leur grève de la faim après 41 jours. Un geste salué et accueilli avec soulagement par les familles des délégués, leurs avocats et la population. Belaïd Abrika, Rachid Allouache, Tahar Allik, Lyès Makhlouf, Mohamed Nekkah et Mouloud Chebheb ont rendu public un communiqué pour annoncer leur décision, 41 jours après avoir entamé leur action en prison. “Non, nous n'allons pas mourir, nous avons un combat à continuer”, écrivent les six détenus, réunis “en mini-conclave dimanche”, à l'occasion du Nouvel An amazigh, qui disent “répondre favorablement aux multiples appels des sages, doyens, parents des martyrs, nos familles et nos amis, des pétitionnaires et de la population en général”. Ils veulent ainsi rentabiliser cet élan de solidarité pour assurer “la continuité du combat contre le régime”. Dans leur long communiqué, les détenus accusent les autorités pénitentiaires et politiques de rendre leurs conditions de détention insupportables. “Alors que nous étions à plus de vingt jours de la grève de la faim, les autorités ont ordonné notre isolement dans des cellules pourries, glaciales et infectes. Ajoutez à cela, les agressions morales et physiques, l'embargo sur la presse, etc.”, expliquent-ils. Arrêtés dans le courant du mois d'octobre dernier, les détenus ont entamé, le 3 décembre, une grève de la faim illimitée pour protester contre leur “arrestation arbitraire et leur détention préventive”. Au lendemain des élections locales du 10 octobre, largement boycottées par la Kabylie, les autorités politiques voulaient “punir” des têtes de ce mouvement citoyen pour le casser définitivement. Plusieurs chefs d'inculpation ont été retenus à l'encontre des délégués arrêtés. Leur emprisonnement a effectivement donné un petit coup d'arrêt aux événements qui semblaient un moment s'estomper. Craignant pour la vie de leurs camarades, plusieurs délégués et coordinations ont demandé avec insistance aux grévistes d'arrêter “cette action héroïque empreinte d'un grand esprit de sacrifice”. Profitant de la célébration mondiale des droits de l'homme, les archs adressent une lettre aux Nations unies dans laquelle ils l'interpellent sur la situation peu reluisante des droits de l'Homme en Algérie. La marche, prévue le 10 décembre à Alger, sera, sans surprise aucune, empêchée et réprimée. Les avocats des détenus, rassemblés devant la maison d'arrêt de Tizi Ouzou, maintiennent la flamme de la mobilisation en exigeant leur libération. Et en informant sur leur état de santé qui ne cessait de s'aggraver. Dans le même temps, d'autres hommes de loi initient une pétition pour appuyer cette revendication. La pétition sera signée par des centaines de personnalités politiques, du monde de la culture et des arts. Mais les autorités, invoquant le principe du respect des décisions judiciaires, restent insensibles. Insensibles n'est en fait pas le mot exact. Le ministre de l'Intérieur, M. Yazid Zerhouni, vient de déclarer, en marge des travaux de l'Assemblée populaire nationale (APN), qu'il était peu probable que quelqu'un puisse rester en vie après 25 jours de grève de la faim ! C'était sans doute la réponse officielle des autorités aux cris de détresse des pétitionnaires et des archs. Certains parmi les grévistes ont tout de même été transférés, pendant quelques heures, à l'hôpital en raison de leur état de santé critique. La grève a donc pris fin. Le mouvement va continuer sans doute. L. B.