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Situation grave aux urgences
Chu d'Oran
Publié dans Liberté le 23 - 09 - 2008

Depuis 1994, les UMC ont nécessité plusieurs opérations de rénovation à coups de millions de dinars pour qu'aujourd'hui, le constat reste le même : infiltrations des eaux, plafonds qui s'effritent, problème de plomberie, d'étanchéité...
Ce jeudi, les Urgences médico- chirurgicales (UMC) du CHUO ont connu une agitation toute particulière en raison de la visite du ministre de la santé, Saïd Barkat. Ce dernier a fait une visite éclair qui lui a permis de découvrir une situation grave et inique, tant dans la prise en charge des malades que des moyens mis à la disposition du personnel soignant. Une visite qui, par ailleurs, sera certainement édifiante pour le ministre d'autant que ce dernier, depuis sa nomination au département de la santé, a réaffirmé sa volonté de faire de l'organisation des UMC, à l'échelle nationale, une priorité. Et ce n'est pas l'attitude, toute honte bue, des responsables en charge du secteur de la santé à Oran qui a pu masquer l'état déplorable des UMC d'Oran, en faisant repeindre à la va-vite le hall d'entrée des UMC, là où sont accueillis les patients et leurs proches. D'ailleurs l'odeur de la peinture fraîche, qui n'avait même pas eu le temps de sécher, vous prend à la gorge, ou encore en faisant livrer et installer, un quart d'heure avant l'arrivée du ministre, des armoires à pharmacie métalliques flambant neuf…
En dépit de tout ce cirque, le constat catastrophique de l'état des lieux de ces UMC sautait aux yeux. La structure est en fait une vieille bâtisse qui, à l'époque coloniale, était la boulangerie de la garnison. Dès le départ, le choix de ce bâtiment ancien, usé et aux réseaux d'assainissement défectueux, pour y abriter les UMC aurait dû être aussitôt rejeté.
D'ailleurs, des médecins avaient à l'époque dénoncé ce fait et depuis 1994, en effet, les UMC ont nécessité de nombreuses opérations de rénovation à coût de millions de dinars pour, qu'aujourd'hui, le constat soit le même : infiltrations des eaux, plafonds qui s'effritent un peu partout, problème de plomberie, d'étanchéité…
Mais là ne s'arrête pas le mal des UMC, comme a pu le constater le ministre de la Santé.
Sur place, nous avons découvert des équipements sur-utilisés, malmenés, anciens, installés dans des locaux repoussants et qui sont le plus souvent en panne ou “mis en panne” de façon régulière ! nous soufflera un médecin, qui rajoute : “Une situation qui fait le bonheur du privé. Nous avons dû souvent, face à cette situation, nous cotiser, nous le personnel médical, pour aider des patients qui n'avaient pas les moyens de payer des clichés radiologiques dans le privé ! C'est grave et ce n'est pas une solution.”
La sur-utilisation mais aussi l'anarchie dans laquelle fonctionne les plateaux techniques de radiologie — plusieurs manipulateurs qui n'ont pas forcément la compétence requise — peuvent aussi expliquer cette situation mais pas seulement.
Pour M. Barkat, cette phrase qu'il lancera est néanmoins éloquente : “C'est une veille maison… les équipements sont archaïques !”
Mais il y avait encore pire à découvrir dans ces UMC, pour ce qui est de la prise en charge des malades, le plus souvent, des accidentés ou des victimes d'agressions.
Le manque de moyens, l'absence d'organisation des soins, le laisser-aller et l'absence de sérieux de certains employés font que des patients peuvent attendre plusieurs jours avant d'être transférés dans un service spécialisé du CHUO. Une situation que des médecins parviennent toujours à justifier d'une façon ou d'une autre mais qui pour le ministre, elle n'a pas lieu d'être puisque, là aussi, il lâchera : “Si c'était l'un de nos parents sur ce lit il ne resterait pas aussi longtemps !” Et de comprendre, dans de pareilles situations, l'attitude des parents qui souvent s'emporte et laisse éclater leur colère. L'autre raison de l'indignation est celle de voir des malades alités dans des lits rongés par la rouille, des literies dans un état déplorable, qui doivent être des nids d'infections, et de se demander comment peut-on soigner et accepter ce manque d'hygiène élémentaire.
À côté de cela, les chefs des services expliqueront le manque de moyens, le cadre déplorable dans lequel ils sont contraints de travailler pour prendre en charge une population qui vient de tout l'Ouest. En effet, l'autre mal des UMC, leur surcharge, 90 % des personnes se trouvant aux UMC sont des transferts des autres wilayas. Des transferts souvent totalement injustifiés comme une simple appendicite, une fracture… Là, ce sont les autres DSP et le personnel soignant des wilayas de l'Ouest qui sont mis en cause. Ils sont accusés de ne pas faire leur travail et de se débarrasser allègrement de leur responsabilité.
Mais là où cela fait très mal, c'est qu'en définitive, ce sont des vies humaines que l'on met en danger aussi facilement où que l'on traite sans aucun égard. Un retour vers cette priorité que doit être la prise en charge médicale des citoyens qui est pour eux un droit, sans faire de la santé une affaire de pouvoir ou une marchandise.
Djamila L.


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