Selon le président de l'Opep, la demande sur le brut risque de baisser en 2009. “Les cours du pétrole vont évoluer en fonction du dollars. Or, les experts prévoient encore une faiblesse du billet vert. Ce qui par conséquent va engendrer un renchérissement du prix du baril de pétrole”. Le ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, estime qu'il y a un lien direct entre les prix du brut et l'évolution de la monnaie américaine. Pour l'instant, avance-t-il, il est enregistré une petite baisse des stocks, due essentiellement à la fermeture auparavant des installations aux Etats-Unis. Celles-ci reviennent, ajoute-t-il cependant, à leur fonctionnement. En revanche, la baisse de la demande constitue l'autre facteur qui favorise la chute des cours du pétrole. “L'augmentation de la demande en Amérique et en Europe a pratiquement disparu, alors qu'il est constaté une hausse de la production en mer du Nord, au Brésil et aux Etats-Unis”, indique Chakib Khelil. Selon lui, beaucoup de gisements marginaux, qui n'étaient pas productibles à 50 dollars, ont été mis en production. “Actuellement, les Etats-Unis produisent plus d'un million de barils”, souligne-t-il. La cherté du pétrole a poussé à la mise en production de nouveaux gisements de gaz en Amérique, pour ne citer que cet exemple, qui n'étaient pas productibles à 50 dollars. À partir de là, toute la capacité d'importation des Etats-Unis en gaz naturel liquéfié (GNL) a complètement disparu. Conséquences : tous les projets de terminaux réalisés par des sociétés américaines font face à de sérieuses difficultés. Car, explique le ministre, le marché américain n'a plus besoin d'importer du GNL. La plupart de ces entreprises est de ce fait en train de réexporter. Par ailleurs, la demande supplémentaire de l'année prochaine sera, avoue Chakib Khelil, plus faible que celle exprimée durant les années précédentes à cause de la récession aux Etats-Unis et en Europe. “Mais elle restera néanmoins aux environs de 900 000 barils/jour. En termes plus clairs, elle ne sera pas à son niveau habituel qui était évalué à 1,5 million de barils. Parce que nous pensons que la demande en Chine, en Inde et au Moyen-Orient va s'accroître puisque ces économies ne sont pas totalement dépendantes de celles touchées par la récession”, précise-t-il en marge de la rencontre sur le lancement de la 27e session d'adjudication de titres miniers pour l'exploration et l'exploitation de substances minérales industrielles. La demande supplémentaire sera satisfaite, affirme le Dr Chakib Khelil, par les pays non Opep. Pour la demande qui restera à satisfaire, c'est à l'Opep d'évaluer le marché et de décider ensuite. Si l'organisation peut vendre son pétrole, estime-t-il, elle mettra les quantités nécessaires sur le marché. Dans le cas contraire, l'Opep n'aura qu'à réduire sa production. Pour le ministre de l'Energie et des Mines, la hausse croissante du pétrole, qui a franchi la barre des 147 dollars le baril, a été provoquée par la crise des subprimes qui a surgi en août et septembre 2007 aux Etats-Unis. Les cours ont atteint ce niveau car le dollar s'est déprécié à 1,60 par rapport à l'euro en avril 2008. C'est dire que l'évolution des prix du pétrole ne dépendent plus du mécanisme de l'offre et de la demande. Abordant la réunion extraordinaire de l'Opep prévue le 17 décembre à Oran, le Dr Chakib Khelil annonce la participation de la Russie en tant qu'observateur. Badreddine KHRIS