Entre hausse et recul des cours du baril, producteurs et consommateurs sont dans l'expectative. Si les prix du pétrole semblent avoir du mal à se stabiliser au-delà des 50 dollars, il semble qu'il n'écarte pas un retour des cours vers les sommets dès que la tempête subprimes sera passée. Dans ce sens, le journal des Finances a consacré tout un dossier à la question. Celui-ci indique que de nombreux experts prévoient un possible retour vers le seuil des 100 dollars quand l'économie mondiale aura renoué avec la croissance. "La crise économique et le choc sur les prix intervenu l'année dernière vont avoir pour effet de réduire la pente de la tendance haussière des cours, mais ils ne la remettront pas en cause", prédit ainsi Frédéric Lasserre, responsable de la recherche matières premières à la Société Générale. "Un retour vers les 100 dollars prendra plus de temps, au moins trois ans, mais un tel niveau de prix permettra à la fois de stimuler les investissements dans les zones les plus difficiles d'accès et, parallèlement, de maintenir les efforts nécessaires en matière d'efficacité énergétique, et donc de réduction de la consommation", renchérit-il. Une analyse que partage Guy Maisonnier, économiste à l'Institut français du pétrole (IFP), qui ajoute deux conditions : "La demande doit être bien gérée, il faut que les comportements des utilisateurs changent, et les investissements en matière de développement maintenus à un niveau raisonnable." Auquel cas, les prix pourraient fluctuer, selon lui, entre 60 et 100 dollars. En revanche, dans l'hypothèse d'un retour de la croissance mondiale au rythme effréné qui prévalait avant la crise (autour de 5 % par an), "un nouvel emballement n'est pas à exclure, les mêmes causes produisant les mêmes effets", ajoute l'expert. Aussi, plus de la moitié des barils produits aujourd'hui proviennent de champs matures, frappés de déplétion. Or, "les compagnies pétrolières ont investi massivement pour maintenir le plateau de production de ces gisements le plus longtemps possible", note Frédéric Lasserre, "du coup, leur taux de déclin s'avère beaucoup plus fort que prévu". Une situation qui poussera à rechercher de nouveaux gisements de pétrole lequel sera plus difficile à extraire. Ce qui impose donc des investissements gigantesques. Mais la chute des cours de pétrole et la baisse des revenus des producteurs a conduit au report ou à l'annulation de nombreux projets. L'Opep a déjà annoncé le gel de 35 projets dans ce sens. Le report d'investissement est d'ailleurs la raison avancée par Christophe de Margerie, le directeur général de Total, pour ramener sa prévision de "plateau" pour la production mondiale à l'horizon 2015 à 91 millions de barils par jour (contre 95 millions préalablement). D'autres experts estiment que les prix devraient se stabiliser sur les cours permettant une marge de rentabilité sur l'exploitation des pétroles lourds à l'image des gisements de schistes bitumineux de l'Athabasca au Canada, dont le seuil de rentabilité est évalué aujourd'hui autour de 80 dollars le baril. De son côté, l'Opep estime à 75 dollars le niveau de cours requis pour investir. "Un baril à 60, 70, 75 dollars serait l'optimum et c'est le grand objectif pour trouver un équilibre", a indiqué M. de Vasconcelos, également ministre angolais du Pétrole, en marge d'un séminaire de l'Opep à Vienne. "Nous devons trouver un niveau de prix qui permette le bon déroulement des projets, la continuité de l'offre de pétrole au marché international et également que ce niveau de prix ne porte pas préjudice à l'économie mondiale", a-t-il précisé. Pour cette année, les prix du pétrole ont varié à ce jour entre 40 et 50 dollars le baril. L'Agence internationale de l'énergie (AIE) table sur un repli de la consommation mondiale de l'ordre de 1,6%, à 84,4 millions de barils par jour, après un recul de 0,3% l'an dernier. Une estimation qu'elle devrait encore abaisser à la suite des nouvelles prévisions de croissance mondiale que le FMI établira au mois d'avril. Néanmoins, l'affaiblissement du dollar américain et des signes de ralentissement de production de la part de membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) ont propulsé le cours du pétrole à un nouveau sommet pour 2009. "Je crois que nous verrons des cours du pétrole plus élevés pendant un moment", a affirmé Michael Lynch, président de Strategic Energy & Economic Research. "On pense que le marché a atteint son niveau plancher", a-t-il ajouté. Le cours du baril de pétrole brut léger à New York, pour livraison en avril, a grimpé de 3,47 $ US, soit 7%, et clôturé à 51,61 $ US. Plus tôt en journée, il avait atteint un sommet de 52,25 $ US, ce qui n'avait pas été vu depuis le 1er décembre. Le cours du brut a augmenté de 11,6 pour cent depuis que les ministres de l'Opep se sont réunis à Vienne, dimanche. L'organisation a annoncé qu'elle ne baisserait pas sa production avant mai, mais les observateurs s'accordent de plus en plus à dire que le retrait de millions de barils du marché opéré depuis le sommet a commencé à rétablir l'équilibre entre offre et demande qui faisait défaut depuis des mois. Le contrat pour livraison en avril devant arriver à terme vendredi, la plupart des transactions réalisées jeudi à New York touchaient celui pour livraison en mai, dont le cours a gagné 3,14 $ US et terminé la séance à 52,04 $ US. Samira G.