Le président de l'Opep reconnaît que l'une des incidences de la crise financière mondiale est la chute de la demande pétrolière et, partant, la baisse des cours du brut. “Quel que soit le niveau qu'atteindront les prix du baril d'ici à la fin de l'année en cours, les revenus de l'Algérie seront de l'ordre de 80 milliards de dollars.” M. Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines, argue ces dires par le fait que les cours ont avoisiné en moyenne 115 dollars le baril au cours des huit premiers mois 2008. En dépit des fluctuations qui caractérisent les prix du pétrole y compris au-dessous des 80 dollars, déclare le ministre, les recettes du pays seront garanties. Un baril à 147 dollars le baril est qualifié d'artificiel par Chakib Khelil car il est le fait de la spéculation. Or, aujourd'hui, explique-t-il, le prix actuel reflète réellement le mécanisme de l'offre et de la demande et n'est plus “camouflé” par les spéculateurs. La récession a entraîné, selon le ministre, une baisse de la demande due essentiellement à une diminution de la consommation non seulement des hydrocarbures mais aussi de blé, de fer… dans le monde. La consommation a baissé, l'offre en revanche est restée la même. En termes plus clairs, ce sont les mêmes gisements qui produisent. “La demande a chuté alors que l'offre est maintenue, il fallait ainsi rétablir un équilibre à travers le prix”, précise le ministre de l'Energie qui reconnaît que l'un des méfaits de la crise financière est la baisse de la demande en pétrole. Reste à savoir si des pays comme la Chine et ceux du Moyen-Orient ne seront pas affectés par cette récession mondiale. “Dans ce cas précis, une hausse de la demande sera certainement enregistrée. Pas au même niveau que celle qui s'est manifestée ces derniers mois, certes, elle servira néanmoins à absorber les augmentations des productions des pays non-Opep”, indique M. Khelil. Pour lui, l'équilibre entre l'offre et la demande sera rétabli suivant la situation du marché par plusieurs pays producteurs. “Pas nécessairement l'Opep qui baisse son offre car des pays producteurs tels que la Russie, le Mexique, la Norvège constateront qu'ils ne pourront pas vendre la totalité de leur pétrole. Ils procéderont par conséquent à une diminution de leur offre sur le marché”, indique le président en exercice de l'Opep. Il estime que si l'offre baisse rapidement que la demande, les prix se stabiliseront ainsi à un niveau supérieur. Dans le cas contraire, les cours vont systématiquement péricliter. “Le pétrole et le gaz représentent 75% de l'énergie consommée de par le monde” C'est ce qu'appelle Chakib Khelil la loi de l'offre et de la demande. Le prix réel du baril de pétrole est, pour Chakib Khelil, de l'ordre de 80 dollars. Car, explique-t-il, la hausse qu'ont connue les cours est provoquée par des facteurs liés à des problèmes géostratégiques qui ont ciblé le monde, la crise en Iran, les spéculateurs qui entrent sur le marché pétrolier… Ainsi, les prix ont été révisés à la hausse de 20 et 30 dollars. Le taux de change du dollar constitue un autre paramètre qui a contribué à ces augmentations. Quand le baril a atteint 145 dollars, le billet vert était estimé à 1,50 par rapport à l'euro. Or, il est évalué de nos jours à 1,35. La monnaie américaine a de ce fait un impact sur le pouvoir d'achat de l'Algérie. “Il serait peut-être plus intéressant pour notre pays d'avoir un baril de pétrole à 80 dollars et un taux de change de 1,35 qu'un cours à 90 dollars et un taux de change de 1,50”, affirme le ministre. La réunion extraordinaire de l'Opep le 18 novembre prochain a pour objectif d'analyser les conséquences de la crise financière sur le marché pétrolier à long terme. L'organisation s'intéresse aux niveaux qu'atteindront les cours du brut dans les 3, 6 ou 12 mois qui viendront. Si le pétrole des pays producteurs ne trouvent pas de clients sur le marché, ils décideront logiquement de retirer leur marchandise. L'organisation aura à coup sûr la même réaction. Devant une telle situation, les prix se stabiliseront au-delà des 80 dollars. À long terme, les économies mondiales, souligne M. Khelil, vont avoir besoin de pétrole et de gaz. Ces deux produits représentent 75% de l'énergie consommée de par le monde. Le nucléaire, les énergies nouvelles et renouvelables ne peuvent contribuer, cependant, qu'à hauteur de 25%. Il faut attendre longtemps pour que l'économie mondiale, relève le ministre, puisse concrétiser son indépendance du pétrole et du gaz. “Il n'y a aucun doute, à long terme, la demande en pétrole va augmenter car l'économie mondiale va reprendre à raison de 5% par an. La Chine aura une croissance qui avoisinera 8% pour cette année, voire 11%. Il y aura de plus en plus une demande accrue au fur et à mesure que le monde sort de cette crise financière”, soutient M. Khelil. Par ailleurs, le premier responsable du département de l'Energie a demandé aux dirigeants de Sonatrach de renégocier les contrats avec les partenaires étrangers. À ce propos, il a rappelé une directive qui impose l'obtention de la majorité dans le capital national ayant trait aux futurs, notamment de pétrochimie, de valorisation de nos ressources naturelles voire tous les projets miniers et ceux qui n'ont pas encore été signés ou approuvés. Badreddine KHRIS