Il y a des moments dans la vie d'un homme où celui-ci doit s'assumer et apporter son témoignage, en toute honnêteté et surtout avec courage sur les événements qu'il a vécus ou dont il a été témoin direct. Au lendemain de l'assassinat odieux de mon ami, mon frère Aboubaker Belkaïd, j'avais écrit un article pour lui rendre l'hommage qu'il mérite. Ce témoignage est toujours d'actualité. C'est en 1975 que j'ai fait la connaissance du frère Aboubaker. À l'époque, il était parmi l'équipe des jeunes “loups” de la Présidence. Le grand événement qui nous avait soudés et avait raffermi nos liens fut la préparation de la conférence de la Charte nationale. En 1987, proposé comme SG du ministère de l'Habitat et de la Construction, Aboubaker quitta la Présidence. Nous sommes restés de très bons amis. En 1988, il fut nommé ministre de l'Intérieur. Beaucoup de mauvais esprits et de fossoyeurs de l'histoire ont tout fait pour lui coller le feu vert accordé pour la création du parti dissous, l'ex-FIS. Feu Kasdi Merbah m'avait décrit fidèlement comment l'ordre fut donné par l'ex-président Chadli Bendjedid, pour admettre la création de l'ex-FIS. La thèse étant simple et simpliste : l'agrément de ce parti permettra à l'Etat de connaître la force du parti dissous et le nombre de ses adhérents. Belkaïd avait des milliers d'amis, mais il avait aussi des ennemis, sinon comment expliquer son écart du pouvoir à l'époque. En bon démocrate et patriote, il joua un grand rôle et œuvra contre la tenue du 2e tour des législatives (1991). Il joua un grand rôle avec Me Ali Haroun et d'autres patriotes, pour encourager le retour de feu Si Boudiaf. Belkaïd n'avait pas fui son pays et avait lutté avec les armes de tout véritable démocrate. En guise de conclusion, je voudrais rappeler qu'il existe de braves fils de l'Algérie, de la trempe de Kasdi Merbah et de Aboubaker Belkaïd. Le cas de ces derniers et d'autres encore doit être sérieusement médité. Ils étaient de véritables hommes d'Etat, et l'Algérie avait besoin de leur compétence et de leur sagesse, dans ces moments difficiles et douloureux. Kaïd Aïssa