Une nouvelle secousse (réplique ?) de 5,8 de magnitude sur l'échelle de Richter a eu lieu, jeudi, aux environs de 3h15, à Boumerdès. Cette énième secousse, la troisième de forte magnitude, après celles du 21 mai dernier (6,8) et du 28 mai (5,8) a déclenché la panique dans les rangs des sinistrés, logeant à l'école primaire de la cité des 1 200-Logements ou dans des camps de toile. Mieux instruits par l'expérience douloureuse, les survivants de la catastrophe naturelle ont, pour la plupart, préféré rester sur place, les plus cyniques d'entre eux déclarant : “On n'a pas à sortir dans la rue, puisqu'on y est déjà.” Il n'empêche que cette réplique tellurique a réveillé les vieux démons chez certains sinistrés, notamment chez les femmes et même chez certains mineurs réveillés brutalement aux cris d'une parente ou d'une voisine. Mais, bien vite la raison, le manque de sommeil et la voix claire du muezzin invitant les fidèles à la prière ont fini par calmer les esprits tourmentés. La journée du jeudi, exceptés quelques commentaires sur la secousse et la peur ressentie, a été bien chargée. Les familles vaquaient à ce que l'on qualifie ici de “préoccupations quotidiennes”, c'est-à-dire la récupération de l'aide alimentaire, le remplissage de l'eau, la prise d'une douche rapide pour les plus malins et les discussions avec les “invités”, souvent venus des autres wilayas pour s'enquérir de la situation de leurs proches sinistrés. Hier et avant-hier, le stade de Sonatrach, transformé depuis peu en un camp de toile, a connu une animation particulière. Situé en face de l'université de Boumerdès et de la cité universitaire, ce stade réservé initialement aux universitaires, aux familles des employés de Sonatrach (Institut algérien du pétrole compris) et à celles des militaires, a finalement ouvert ses portes aux habitants de la cité des 1 200-Logements. Selon des responsables, cette décision a été prise pour éviter de créer des “discriminations” au sein de la population sinistrée, mais aussi pour l'aider à mieux s'organiser, grâce à l'aide particulière du groupe pétrolier algérien (Sonatrach). Des équipes de cette compagnie, qui ont eu à gérer des camps de sinistrés des inondations de novembre 2001, ont été dépêchées sur les lieux. Pendant tout le week-end, des efforts ont été fournis par les organisateurs, qui ont procédé à l'installation de deux cabines sanitaires, pour les femmes et pour les hommes, et de citernes, certaines reliées à des lavabos, non loin de l'entrée du camp. Celui-ci est partiellement éclairé et il est attendu, dans les jours prochains, la généralisation de l'électricité et ce, à l'intérieur des tentes. Un poste de police a été “implanté” juste à l'entrée du stade de Sonatrach, tout près d'une autre tente, regroupant une équipe de médecins et psychologues, afin de répondre aux besoins existant et à venir dans ce domaine. Beaucoup de travail reste encore à faire, surtout dans la distribution des repas (les familles sont priées pour le moment de ne pas utiliser le butane). De leur côté, les survivants du séisme, notamment les adultes, ont du mal à s'habituer à la “vie de nomade” et même à celle des “éternels vacanciers”. H. A. Explosion d'une bouteille de gaz Plus d'une dizaine de brûlés Une bouteille de gaz butane a explosé dans l'après-midi de jeudi, dans une des tentes, installée à proximité du bâtiment 32 de la cité des 1 200-Logements, à Boumerdès. L'explosion a entraîné un incendie : Sur la vingtaine de tentes implantées, 17 ont pris feu. Ce malheureux incident aurait fait plus d'une dizaine de brûlés au 1er et second degrés. Les informations recueillies sur place divergent. Des éléments de la Protection civile et des policiers parlent d'un “défaut dans le tuyau”, d'autres s'appuient sur la précarité des conditions de vie, à l'intérieur des campements, en notant “le manque d'attention” de la famille sinistrée concernée en premier lieu, ainsi que la présence d'un vent “relativement fort”. 200 administrateurs sont affectés dans des camps La prévention contre les faux sinistrés 200 administrateurs de wilaya ont été dépêchés à Boumerdès, pour gérer les camps des sinistrés du séisme. Leur action serait de coordonner les actions avec les autorités locales, elles-mêmes renforcées par neuf secrétaires généraux de wilaya, mutés dans les différentes daïras de la wilaya de Boumerdès. Selon des cadres de la wilaya, l'expérience des administrateurs de camp, la première du genre, viserait “une meilleure gestion” des camps de sinistrés et “une centralisation des recensements” des familles touchées par la catastrophe. Les autorités publiques craignent, disent-ils, la dégradation de la situation et donc “une situation d'émeutes”, de même que la présence de “faux sinistrés” et les attaques terroristes. H. A.