Conviés à une sortie nocturne par le groupement de gendarmerie de Ghardaïa, des journalistes ont partagé, le temps d'une longue soirée de Ramadhan, jusqu'au “s'hour”, les différentes facettes de la mission dévolue à ce corps armé. Dirigé par le capitaine Soltani, commandant de la brigade de gendarmerie de Ghardaïa, le convoi constitué de cinq véhicules a entamé cette sortie par une ronde le long du boulevard Didouche-Mourad vers les hauteurs de Bouhraoua. Au niveau du rond-point, ou sens giratoire obligatoire, un véhicule de marque Hyundai Type Accent, venant de Ben Smara et se dirigeant vers Bouhraoua , brûle le rond-point en bifurquant dangereusement en épingle à gauche et ce malgré notre proximité. Suivi jusqu'au prochain barrage de police au niveau de l'aire de jeux, il sera contrôlé dans les règles et informé de son retrait de permis malgré ses dénégations d'avoir enfreint le code de la route. Continuant à longer la RN1 vers Laghouat, et dans l'obscurité la plus totale, un véhicule arrêté en bordure de la route, le capot soulevé attitre les soupçons des gendarmes qui s'arrêtent. Après un minutieux contrôle du véhicule et de son jeune occupant, qui s'avère être en panne, attendant un mécanicien appelé par téléphone portable, la procession s'ébranle vers l'agglomération de Oued Nechou, à une dizaine de kilomètres de Ghardaïa. Tout semble calme en cette fraîche soirée ramadhanesque, même la station de pompage de la Sonatrach à proximité, dénommée SP4, baignait dans une espèce de douce torpeur. Le poste de la garde communale locale, sous commandement de la gendarmerie, semblait être sur le qui-vive à notre approche, ce qui a fait dire au capitaine Soltani : “Ils ont conscience de la lourde responsabilité qu'ils ont vis-à-vis d'une population locale estimée à près de 2 500 âmes.” Destination, la sortie nord de la daïra de Dhaia Ben Dahoua, à quelque dix kilomètres de là. Un barrage est dressé en une poignée de minutes. Il est 23 heures et la circulation est fluide. Le premier véhicule à passer est un bus plein de passagers, dont le chauffeur conduisait sans permis de conduire. Le sien lui ayant été retiré depuis un bon bout de temps pour vitesse excessive et devait passer devant une commission de retrait de permis. Le chauffeur mis au fait de l'infraction commise répond ne pas être au courant que l'autorisation de circuler qui lui a été délivré pour 48 heures soit arrivée à échéance. Ce que les gendarmes n'ont pas voulu croire, lui dressant la contravention appropriée ainsi que l'immobilisation du moyen de transport utilisé. Quelques minutes plus tard, c'est au tour de deux camions Isuzu d'être contrôlés. Ils transportaient tous les deux illégalement du sable pillé. Les deux camions seront mis à la fourrière et leurs propriétaires sanctionnés conformément à la loi. Un citoyen, arrêté au volant d'une Peugeot 405, en possession de 5 cartouches de cigarettes Légend et jurant par tous les saints qu'elles étaient destinées à sa consommation personnelle fut, magnanimement, relâché. Dans un grand sourire, il remercia et salua les gendarmes avant de s'éclipser. Il faut dire que les usagers de la route, interrogé par nos soins sur l'utilité de ce genre de barrage, étaient unanimes à reconnaître leur efficacité et surtout le sentiment d'être en sécurité sur la route, protégé comme il se doit de toutes les agressions potentielles, quelles qu'elles soient. Minuit tapante, une Toyota Hilux, ralentissant de loin, attira la méfiance des gendarmes qui s'en trouve confortée par la découverte, à l'arrière du véhicule recouvert d'une bâche, de 5 moutons abattus illégalement en un lieu inconnu, sans contrôle vétérinaire. Ils étaient destinés, bien entendu, à être écoulés sur le marché. Le contrevenant essayant par tous les artifices de se disculper sera informé de la saisie de la marchandise, la mise en fourrière de son véhicule et d'une amende pour mise en danger de la vie d'autrui par la mise sur le marché de produits dangereux pour la santé. Les deux camions de sable et la Toyota transportant les carcasses d'ovins seront escortés vers la brigade de Ghardaïa pour les procédures d'usage, alors que nous changeons de lieu pour nous déplacer à une dizaine de kilomètres au sud de Ghardaïa, à proximité de l'aéroport Moufdi-Zakaria. Le barrage installé sur la RN1, pendant plus d'une heure, ne donnera lieu à aucune constatation d'infraction susceptible d'être sanctionnée. Ce qui est rare mais en même temps agréable à constater. A 2 heures du matin, le barrage est levé et nous rentrons sur Ghardaïa. L. KACHEMAD