La transformation de la maison de l'Emir en musée des arts populaires est une idée qui, au moment de sa mise en œuvre, n'avait pas manqué d'avoir autour d'elle un soutien unanime des personnes éprises de culture et d'art dans une ville au rayonnement culturel et historique des plus anciens. L'édifice choisi pour abriter le nouveau musée a cet avantage d'avoir lui-même été un monument historique datant de l'époque ottomane et du beylicat du Titteri dont Médéa était la capitale, et d'avoir servi par la suite de lieu de commandement lors de la résistance de l'émir Abdelkader. Restauré par l'administration de la direction de la culture, l'édifice a pu retrouver sa splendeur d'antan grâce aux travaux qui ont porté sur ses structures et qui ont permis de réparer les effets pervers de la prédation anthropique et de la patine du temps. Il faut aussi dire que la richesse du patrimoine culturel de la région a été pour quelque chose dans le choix relatif à la création d'un musée dédié aux arts populaires, mais son ouverture s'est vite heurtée à un problème d'ordre administratif qui perdure sans que les raisons exactes de ce retard soient connues. En effet, le ministère de tutelle n'ayant pas donné de suite à la demande de reconversion du monument historique en l'occurrence Dar El Amir, en musée des arts populaires, l'ouverture des lieux au public ne pouvait donc se faire. Selon les services de la direction de la culture, son ouverture est assujettie à la décision d'octroi par voie de décret d'un statut de création afin qu'il soit possible de recruter du personnel et de pourvoir aux dépenses inhérentes à sa gestion. Jusqu'alors, quelques agents émargeant sur les listes du dispositif du préemploi entretiennent les lieux mais sans en permettre au public l'accès, situation frustrante si l'on sait que ce genre d'institution a un rôle important à jouer. Outre qu'il fait partie des institutions qui participent à la sauvegarde de la mémoire collective, il est l'un des endroits privilégiés où l'on peut prendre connaissance du patrimoine culturel montrant l'art et le génie des ancêtres à travers divers objets. Ce sont aussi ces objets qui constituent des témoins privilégiés de l'évolution et de l'histoire de la région dans les différents domaines de l'activité artisanale, des rites et pratiques sociales. Il reste à espérer que la décision du ministère ne tarde pas à être prise afin de permettre à une telle institution de mieux prendre en charge sa mission de collecte, de conservation et d'exposition d'un legs ancien, et d'être au service de la société par l'exposition des objets hérités à des fins de savoir, d'études, de consultation, etc. M. EL BEY