Jeudi soir, une rumeur selon laquelle un barrage aurait cédé du côté de Dhaia Ben Dahoua, à 12 km en amont du chef-lieu de wilaya, Ghardaïa, lâchant ses millions de mètres cubes d'eau, a jeté la population dans la rue, fuyant dans tous les sens, provoquant, ainsi, une indicible panique chez la population déjà amplement traumatisée par les scènes vécues mercredi. Des femmes, traînant des enfants, quelques baluchons à la main, pour certaines, investissent par centaines la chaussée à la recherche d'une hypothétique protection. Des voitures par dizaines, certaines en convoi, surchargées par des familles entassées, et feux de détresse enclenchés, traversent la ville à vive allure, le mouvement de panique prend de l'ampleur. Chacun est convaincu de l'imminence de la catastrophe, sûr de l'information qui s'est propagée telle une traînée de poudre avec force arguments aux quatre coins de la wilaya. Beaucoup de gens erraient, ne sachant quelle direction prendre pour fuir la catastrophe annoncée. À certains auxquels nous avons essayé de faire admettre que ce n'était qu'une rumeur, que que nous avons au préalable confirmé par ami interposé auprès du chef de daïra de Dhaia Ben Dahoua, nous nous sommes fait traiter de menteur et presque agresser par d'autres. La nature ayant horreur du vide, le déficit de communication des canaux officiels a laissé libre champ aux charognards, insensibles à la détresse humaine, dont le seul but est de provoquer des mouvements de masse pour procéder au pillage. Cette fois-ci, la rumeur a été démentie assez rapidement, vers 22 heures, mais sans pour autant rassurer tout le monde. Beaucoup n'ont dormi que d'un seul œil, d'autres ont passé la nuit sur les terrasses, guettant le moindre danger. L. KACHEMAD