Après de longs palabres et dialogues avec la délégation, les sinistrés semblaient donner l'impression d'être plus confiants que leurs préoccupations soient prises en charge au plus haut niveau de l'Etat. Dépêchée par M. Abdelaziz Ziari, président de l'Assemblée populaire nationale, une délégation parlementaire, conduite par M. Dif Mohamed, vice-président de l'APN, et constituée de M. Djajoua Hocine, député FLN de Tizi Ouzou, Abdelhafid Boubekeur, député RND de Oum El-Bouaghi, Mme Kherbache Zoubida, présidente de la commission économique, députée PT de Blida, de M. Moulay Amar Slimane, député MSP d'Adrar, accompagnés par le directeur général des finances et des moyens de l'APN, M. Layadi Noureddine, et du président du Croissant-Rouge algérien, M. Benzeguir Hadj Hamou, est arrivée à Ghardaïa vendredi après-midi. Reçue au siège de la wilaya par le wali de Ghardaïa, M. Yahia Fehim, entouré du P/APW, M. Boukhari Mohamed et des députés de la région, en l'occurrence M. Ouled Kouider Mustapha, FNA, et M. Baba Ammi Ahmed, indépendant, la délégation a écouté le wali qui lui a récapitulé dans les moindres détails le film des évènements ayant engendré la catastrophe. Cela fait, le chef de la délégation parlementaire a présenté, au nom de l'Assemblée populaire nationale, de son président M. Abdelaziz Ziari et de tous les députés qui la constituent, ses sincères condoléances aux familles des victimes et remis au président du Croissant-Rouge algérien une contribution financière au profit des sinistrés de la wilaya de Ghardaïa, dons collectés au sein des députés de l'hémicycle qui ont tenu à marquer par ce geste, ô combien symbolique, leur solidarité avec les sinistrés. La délégation a alors entamé sa tournée sur le terrain, non sans avoir été munie de bottes, en commençant par la visite de l'école primaire Akid-Lotfi, située à Souk Lehtab, transformée en centre de transit pour 52 familles sinistrées des quartiers avoisinants. Les sinistrés qui ont apprécié la visite des parlementaires ont beaucoup insisté sur les insuffisantes aides reçues, notamment les couvertures, les denrées alimentaires et les médicaments pour les malades chroniques, affirmant que tous les repas chauds qui leur sont parvenus ont été envoyés par la population de Béni Izguène, et ils insistent pour les remercier de leur solidarité agissante et de leur soutien moral et psychologique. Mais là où ils ont été inflexibles, c'est leur refus absolu d'envoyer leurs enfants à l'école dans ces conditions dramatiques. “Nos enfants ne peuvent aller à l'école s'ils n'ont pas de toit où s'abriter. Même s'ils partent, ils leur est pratiquement impossible dans les conditions psychologiques dans lesquelles ils se trouvent d'assimiler quoi que ce soit”, affirme calmement un quinquagénaire. Les sinistrés plus confiants Après de longs palabres et dialogues avec la délégation, les sinistrés semblaient donner l'impression d'être plus confiants que leurs préoccupations soient prises en charge au plus haut niveau de l'Etat. C'est en tout cas la promesse faite par les députés qui ont fait montre de beaucoup de patience et de compréhension compte tenu de quelques éclats de voix dus surtout à la détresse des sinistrés. C'est ensuite au tour de l'école coranique Aami-Saïd, située à El-Ghaba, au quartier Bouleila, et qui héberge pas moins de 160 familles sinistrées, de recevoir la délégation parlementaire. Cette dernière, qui a été reçue d'abord dans le calme et dans une parfaite organisation, durant laquelle un rapport oral sur la situation exacte du centre d'hébergement a été présenté par un membre de l'association locale, un semblant de désordre et d'énervement a commencé à envahir quelques jeunes qui voulaient tous dire quelque chose et en même temps. Mais à aucun moment, il n'y a eu le moindre dépassement, que ce soit verbal ou physique. Même les vieux et les responsables du centre et de l'association semblaient ne pas pouvoir contenir la colère des jeunes qui en voulaient aux autorités locales qui, semble-t-il, les ont abandonnés. Sans se laisser entraîner dans certaines dérives inavouées, la délégation a répondu calmement et méthodiquement à toutes les préoccupations des sinistrés promettant de faire son devoir, celui de porter à la connaissance des autorités centrales leurs préoccupations. Le lycée Fillali, situé au quartier Mermed, a été le dernier à recevoir la délégation dans l'obscurité, l'électricité dans ce secteur n'étant pas encore entièrement rétablie, mais uniquement, par mesure de sécurité et non à cause d'une quelconque défaillance de la Sonelgaz qui a accompli sur le terrain un travail remarquable. Même topo, et dans une parfaite discipline, les réclamations des sinistrés consistent, selon M. Abdelkader Merad, responsable de l'association de quartier, “à, en priorité, accélérer le pompage des maisons inondées des sinistrés qui ne peuvent absolument pas les réintégrer dans les conditions actuelles. Ensuite, doter les sinistrés de couvertures, de denrées alimentaires et de médicaments en quantités suffisantes”. Ajoutant en ce qui concerne la question de l'évacuation du lycée pour permettre aux élèves de reprendre leurs cours hier : “On nous a menacés de nous faire sortir par la force, mais pour aller où ?” En guise de solution, il affirme : “Nous avons proposé aux autorités de faire établir une clôture entre le bloc qui contient nos familles et le lycée. Ce bloc n'aura aucune incidence pédagogique. Il vient d'être construit, c'est la seule solution, à mes yeux, jusqu'au relogement effectif des 260 familles entassées dans ce lycée.” À ce moment, quelqu'un dans la foule crie tout son désarroi et lance : “Je ne sortirai pas d'ici tant que je n'aurai pas de garanties pour mettre mes enfants à l'abri, et ce, même s'ils ramènent des bulldozers.” C'est dire l'état d'esprit des chefs de famille à la veille de cette difficile reprise des cours à Ghardaïa. Le siège du Croissant-Rouge algérien a été la dernière halte de la délégation qui a apprécié le gigantesque travail d'approche, d'écoute et d'assistance réalisé avec beaucoup de cœur par cette véritable “armée humanitaire”. Le lendemain matin (samedi) avant de repartir par route sur Alger, la délégation a reçu au salon de la résidence de la wilaya les notables (aâyames) et la société civile avec lesquels un riche débat s'est engagé sur les voies et moyens à l'effet d'éviter qu'une telle catastrophe ne se reproduise et que les leçons soient tirées et surtout retenues. La visite de la délégation parlementaire a été beaucoup appréciée tant par la population que par les associations et membres de la société civile locale. L. kachemad