Pathologie douloureuse et traumatisante, la polyarthrite touche surtout les femmes de plus de 45 ans, mais n'épargne pas leshommes ni les enfants. La Ligue algérienne antipolyarthrite a organisé, hier à l'hôtel El-Aurassi, à Alger, une rencontre à l'occasion de la Journée mondiale contre la polyarthrite, célébrée tous les 12 octobre. Lors de cette rencontre, la présidente de la Ligue, le professeur Ladjouz, chef de service de rhumatologie à l'hôpital de Ben Aknoun, a tiré la sonnette d'alarme quant à la situation des malades en Algérie et, également, quant à la progression de cette pathologie qui atteint pas moins de 200 000 personnes en Algérie. Elle affirme que si les médicaments existent, il n'en demeure pas moins que les pénuries cycliques pénalisent les patients. Les malades se plaignent, quant à eux, de la non-disponibilité des nouvelles molécules (les antis TNT Alfa et les produits de biothérapie) qui ont fait leurs preuves à l'étranger. Ces molécules modernes soulagent mieux que les traitements classiques, mais elles demeurent encore très chères. “Nous disposons de ces produits dans les hôpitaux, mais nous souhaitons que les patients puissent en profiter chez eux”, dit le professeur Abtroun, chef de service de rhumatologie au CHU de Bab El-Oued et vice-présidente de la Ligue. Les malades reprochent aux décideurs de ne pas prendre les mesures idoines pour les soulager. “Tous les trois mois, je vais chez mon pharmacien pour récupérer mon traitement dont le prix avoisine les 12 000 dinars. Avant, c'était entièrement pris en charge par la sécurité sociale, mais depuis l'instauration de la taxe référentielle, nous payons une participation qui peut s'élever à 1 000 dinars, somme importante, notamment pour les retraités et ceux qui ne travaillent pas”, dit M. Benouar Abdelkader, le deuxième vice-président de la Ligue. Ce même malade évoque les grandes difficultés rencontrées par les personnes qui souffrent de la polyarthrite et qui sont souvent handicapés. La polyarthrite s'attaque aux articulations qu'elle fragilise avec le temps. Les malades finissent par ne plus pouvoir bouger. Les médecins préconisent le diagnostic précoce, car quand la maladie est prise en charge tôt, ses complications sont retardées. “Cette maladie touche surtout les femmes, à raison de 7 cas sur 10. Une personne qui a des douleurs aux mains et qui n'arrive pas à bien ouvrir les robinets ou allumer les feux de sa cuisinière doit consulter un médecin. Ce n'est pas toujours la polyarthrite, mais quand il s'agit de cette maladie, les nouveaux médicaments sont efficaces dans la plupart des cas”, explique le professeur Ladjouz. Les complications les plus handicapantes nécessitent désormais une prise en charge chirurgicale. “De nombreux malades sont sur la liste des personnes devant subir une intervention pour profiter d'une prothèse de la hanche ou du genou. Parfois, seule la chirurgie peut soulager des malades”, révèle le professeur Ladjouz. Cette dernière affirme qu'il n'y a aucun moyen de lutter contre cette maladie, excepté le diagnostic précoce et estime qu'il s'agit d'une pathologie qui peut être déclenchée par des chocs émotionnels, notamment chez les sujets qui ont une prédisposition familiale. “Dans 4 cas sur 10, la maladie est génétique. Ce n'est pas une pathologie héréditaire, les membres de certaines familles sont prédisposés pour en être touchés”, explique la présidente de la Ligue. La polyarthrite est une maladie jugée grave, c'est pourquoi, une journée mondiale lui est consacrée. Les malades et les médecins espèrent que les pouvoirs publics permettent aux patients d'avoir droit aux médicaments les plus récents. Ils lancent aussi un appel pour que ces mêmes médicaments soient remboursés à 100% pour permettre la même prise en charge à tous les malades. Djafar Amrane