8 000 détenus d'origine musulmane sont incarcérés dans les prisons de haute sécurité du Royaume-Uni. Selon des enquêteurs, Al-Qaïda envisage de recruter un dixième d'entre eux. Un vent de panique souffle sur les prisons britanniques. Les responsables de l'administration pénitentiaire viennent de lever le voile sur une vaste campagne salafiste d'endoctrinement et de recrutement. Une enquête a été diligentée suite aux témoignages de gardiens officiant dans les établissements de haute sécurité. Selon eux, des groupes, constitués par des détenus terroristes, s'emploient à propager parmi leurs copensionnaires une vision radicale et extrémiste de l'Islam. Agissant sous forme de gangs, ces détenus offrent aux recrues leur protection en contrepartie d'une totale allégeance. Leurs méthodes, souvent brutales, vont de la pression aux menaces en tout genre. Les détenus musulmans sont sommés de se conformer à une pratique stricte de la religion. Les non-musulmans, de leur côté, sont tout simplement invités à se convertir. Les surveillants ayant rapporté ces informations avouent leur impuissance et leur peur. À Whitmoor, une prison de haute sécurité, située dans le nord de l'Angleterre, un gardien a fait l'objet récemment d'une tentative de rapt. Cet établissement abrite 500 détenus d'origine musulmane. Un rapport, publié par les services de probation, indique qu'il est impératif d'identifier et d'isoler les fauteurs de troubles afin d'éviter une probable escalade de la violence. Des observations similaires concernent les prisons de Frankland à Durham et de Belmarch à Londres. Belmarch est connue pour être le lieu de détention de certains terroristes d'origine algérienne. Dans ses locaux séjourne également l'Egyptien Abou Hamza. Afin d'endiguer la campagne d'endoctrinement, l'administration pénitentiaire vient de procéder au transfert d'un certain nombre de prisonniers vers d'autres lieux de détention. Mais selon des observateurs avisés, comme le professeur Peter Neumann de King's College, les autorités devrait surveiller plus étroitement les prisons pour empêcher leur transformation en centres de recrutement. Ce genre d'avertissement intervient au moment où l'Union européenne publie un rapport alarmant, invitant les gouvernements à prendre des mesures urgentes pour stopper les campagnes de lavage de cerveaux, menées par des détenus extrémistes. En Grande-Bretagne, les prisons ne sont pas l'unique front sur lequel les autorités doivent s'engager. L'école constitue également un vivier pour les apprentis terroristes. Tout récemment, le ministère de l'Education a révélé un plan d'action visant à prévenir l'endoctrinement des élèves. De son côté, le département du Culte vient de désigner 22 jeunes d'origine musulmane comme conseillers auprès de ministres détenteurs de portefeuilles importants, en vue de les aider à mieux comprendre les préoccupations de la communauté musulmane, dont 800 000 membres ont moins de 25 ans. S. L.-K.