La Grande-Bretagne cherche à signer des accords avec des pays nord-africains, dont l'Algérie. La conclusion de tels accords permettrait à Londres d'expulser, vers leur pays natal, des étrangers soupçonnés de terrorisme, y compris ceux qui sont actuellement détenus dans la prison de haute sécurité de Belmarsh, dans la banlieue sud de Londres, a déclaré le ministre de l'Intérieur, Charles Clarke, au quotidien londonien The Times. Charles Clarke a affirmé qu'il travaillait en étroite collaboration sur ce dossier avec le ministre des Affaires étrangères, Jack Straw. Le ministre de l'Intérieur britannique a expliqué que ces expulsions pourraient aider à trouver une solution après que les Law Lords, la plus haute instance judiciaire du pays, eurent jugé que la détention sans procès d'une douzaine de suspects, certains depuis trois ans, violait la Convention européenne des droits de l'homme. Ces suspects sont originaires d'Algérie, d'Egypte, de Tunisie et de Jordanie. Je pense que nous devrions rechercher de manière beaucoup plus énergique comment nous pouvons expulser les individus concernés vers leurs pays d'origine », a déclaré M. Clarke. Cette initiative du ministère de l'Intérieur britannique a été confirmée par des « sources diplomatiques » algériennes, citées par le quotidien arabe Al Hayat édité à Londres. Selon ces sources, « la Grande-Bretagne a, en principe, accepté la signature avec l'Algérie d'un projet d'accord de lutte contre le terrorisme qui comprend l'extradition mutuelle des suspects impliqués dans des affaires de terrorisme ». « L'accord pourrait être signé durant la visite du président Bouteflika à Londres, à l'occasion de sa participation au sommet du G8 qui doit discuter d'un plan stratégique international de lutte contre le terrorisme », ajoute Al Hayat. Le journal cite, en outre, une « source haut placée » qui indique que « l'accord pourrait permettre le rapatriement de quelque 20 individus qui, selon les autorités britanniques, constituent une menace pour la sécurité » de la Grande-Bretagne. A la fin des années 1990, les autorités algériennes avaient remis aux autorités britanniques une liste de plus de 80 personnes soupçonnées de collaborer avec les groupes islamiques armés qui avaient fait de la capitale londonienne leur base de recrutement, de collecte de fonds et de lancement d'attaques terroristes contre les forces de sécurité et les civils en Algérie. Dans son interview au Times, M. Clarke a ajouté que lui et Straw et lui cherchaient à obtenir des pays concernés « des assurances et de la compréhension » envers les détenus, pour éviter qu'ils ne soient torturés ou passibles de la peine capitale dans leur pays d'origine. « Je ne pense pas que la solution au jugement des Law Lords soit dans les expulsions, mais elles aideront. Il y a aussi d'autres choses que nous devons faire », a-t-il dit. Le 16 décembre, les Law Lords avaient estimé à 8 contre 1 que la détention d'étrangers sans procès dans le cadre de la nouvelle législation antiterroriste violait « les obligations légales du Royaume-Uni vis-à-vis de la Convention européenne des droits de l'homme ». La législation, revue après les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, permet l'incarcération sans inculpation et sans procès, pour une durée illimitée, de tout étranger soupçonné d'activités terroristes. Douze hommes sont ainsi actuellement incarcérés, dont huit depuis près de trois ans, dans le cadre de la législation antiterroriste dans les prisons de haute sécurité de Belmarsh et de Woodhill, dans le Buckinghamshire (sud-est de l'Angleterre).