Les services de sécurité algériens ont été associés, selon le ministère de l'Intérieur français, cité par Le Figaro (édition de lundi), à l'élaboration d'un manuel de 60 pages sur « le fondamentalisme en milieu carcéral » que présentera la ministre de l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie, le 30 septembre à l'Institut national des hautes études de sécurité (Inhes), à Saint-Denis. Paris (France) : De notre bureau Ce guide sera diffusé aux 24 000 surveillants de prison, aux policiers, aux gendarmes et aux juges antiterroristes. Le document décortique le processus de radicalisation étape par étape. Et il dresse une liste de 23 indicateurs permettant d'identifier des conduites déviantes : outre l'affichage ostentatoire de logos faisant référence à Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) ou d'une photo de Ben Laden sur les murs de la cellule, la lecture de certains ouvrages religieux, le refus de se promener avec d'autres détenus, de prendre des repas en commun ou de vouloir imposer des heures de prière sont notés scrupuleusement. Les prisons françaises sont « un lieu de recrutement privilégié pour les islamistes radicaux », a indiqué Michèle Alliot-Marie dans une interview, le 11 de ce mois, au Figaro, indiquant qu'elle vient de proposer à ses homologues européens d'« élaborer un manuel sur l'islamisme en milieu carcéral, pour mieux informer les professionnels de la sécurité sur la façon de détecter et d'empêcher ce type de recrutement ». Et d'annoncer qu'un séminaire européen sur la « radicalisation islamiste dans les prisons » se tiendra le 30 septembre en France, dans le cadre de la présidence française de l'Union européenne (UE). Selon un rapport « confidentiel défense » de l'administration pénitentiaire (AP) auquel Le Figaro (édition de lundi) a eu accès, pas moins de 442 islamistes incarcérés en France manifestent un comportement inquiétant. Parmi eux : 78 détenus pour des actes de terrorisme et 6 islamo-braqueurs condamnés pour leur soutien logistique à des réseaux, alors que 147 détenus se livrent à des « activités de prosélytisme opérationnel ». « Ces religieux clandestins se sont radicalisés en surfant sur internet », selon un haut responsable de l'AP, cité par Le Figaro. « Loin d'être de fins connaisseurs du Coran, ils distillent des fragments de sourates pouvant faire référence à la violence et reprennent un discours moyenâgeux pour convertir leurs compagnons de cellule. » Leurs cibles ? Déjà au moins 211 détenus « en voie d'islamisation radicale », révèle le rapport. Il s'agit « à plus de 80% de Français d'origine maghrébine. Leur faible niveau culturel les rend perméables aux discours manichéens visant à détruire l'Occident ». On compte aussi parmi les recrues « environ 10% de jeunes ayant fait des études supérieures », constate un expert. « Dans beaucoup de nos dossiers, on retrouve désormais des Français de souche convertis, pour la plupart, en prison », relève un juge du pôle antiterroriste. Le rapport relève, par ailleurs que les islamistes recrutent même chez les délinquants sexuels. Des conversions dites de « confort ». « En faisant allégeance à l'Islam radical, ces détenus considérés comme pestiférés intègrent la communauté des frères pour obtenir des protections et éviter les représailles. »