Sous le coup d'un mandat d'arrêt international et réclamé par Interpol, le “prince” a pris le risque de briser sa carrière internationale en se soustrayant au contrôle judiciaire imposé par la justice française dans le cadre de la plainte d'une ancienne compagne qui l'accuse d'avoir tenté de la faire avorter de force. Dans cette affaire, le procureur vient de demander le renvoi du chanteur devant la justice après un réquisitoire définitif accablant. Le renvoi de quatre autres personnes est requis, dont celui de Michel Lévy, l'ancien manager de Mami. De son vrai nom Michel Le Corre, Michel Lévy est un breton pur jus et non un juif comme l'a dit Mami pour faire accréditer la thèse d'un “complot juif”. Lévy, un des principaux artisans de la promotion du raï en Europe, est aujourd'hui le manager de Faudel. Contre Mami, le ministère public a retenu quatre charges : “violences ayant entraîné une interruption temporaire de travail (ITT) de plus de huit jours avec trois circonstances aggravantes (réunion, préméditation et faits commis sur personne vulnérable)”, “complicité d'enlèvement et séquestration”, “complicité d'administration de substance nuisible” et “menaces et intimidations pour ne pas porter plainte”. Le dossier va revenir vers le juge d'instruction. S'il rend une ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel de Bobigny conforme à ce réquisitoire, le chanteur, qui a aussi la nationalité française, risquera 10 ans de prison et 150 000 euros d'amende. Il a noué une relation avec la victime, une photographe de presse française spécialisée dans le raï, lors d'une tournée en Egypte. Apprenant sa grossesse, elle en fait part au chanteur en lui annonçant son désir de garder l'enfant. Quelque temps après, elle était invitée à Alger. C'était l'été 2005. Accueillie à l'aéroport par un proche du chanteur et son manager, elle est conduite dans la villa de Mami. Et c'est là, selon ses accusations, qu'elle est droguée et séquestrée. Deux femmes et un homme de main ont pratiqué sur elle un curetage. Toujours, selon ses déclarations, le chanteur était présent à ces séances. Revenue en France, elle consulte un gynécologue qui lui apprend l'échec de la tentative d'avortement et que le fœtus restait viable. La photographe appelle alors le chanteur pour l'en informer. C'est ce qui deviendra, semble-t-il, la preuve accablant Mami. L'appel téléphonique passé en présence de policiers est enregistré. Mami hurle son incrédulité. “J'ai vu le sang, ils t'ont grattée... ”, aurait-il hurlé. Une fillette naîtra en mars 2006 et, quelques mois plus tard, Mami sera arrêté à sa descente d'avion à Paris. Devant les enquêteurs, il reconnaîtra seulement la paternité prouvée au demeurant par les tests ADN. Il chargera ensuite son manager, le présentant comme le responsable de tout le reste. Mami sera détenu pendant trois mois au quartier VIP de la prison de la Santé. Grâce à une mobilisation des autorités consulaires, il sera libéré après versement d'une caution de 200 000 euros. En revanche, il sera soumis au contrôle judiciaire. Heureux de retrouver la liberté, le chanteur offrait une petite réception dans le cabinet de son avocat à Paris. Il promettait de relancer la campagne de promotion de son album minée par cette affaire et de monter sur la scène de La Cigale à Paris. Promesse toujours attendue : Mami quittait discrètement la France pour rejoindre l'Algérie où il crie à la manipulation et au complot, exprimant sa défiance à l'égard de la justice française. Ira-t-il se défendre devant le tribunal de Bobigny ? Il est difficile de voir un voyageur comme lui fuir éternellement son mandat d'arrêt ! A. OUALI