Tandis que Washington a annoncé des restrictions de voyage contre certains membres de la junte, son gouvernement et ses soutiens, la France, ex-puissance coloniale, souffle le chaud et le froid à l'égard des militaires mauritaniens. Comment sortir de l'isolement ? Des mesures en direction de la population. Le ministre mauritanien de la Communication et des Relations avec le Parlement a annoncé qu'en application des instructions du président du Haut-Conseil d'Etat, chef de l'Etat, le général Mohamed Ould Abdel Aziz, d'importantes mesures visant l'amélioration des conditions de vie des populations seront mises en œuvre. Le gouvernement “illégitime” va procéder dès cette semaine à la distribution de parcelles de terrains aux citoyens résidant dans les quartiers populaires à Nouakchott et à Nouadhibou pour éradiquer les bidonvilles. 600 emplois seront créés. Et pour appâter la communauté internationale, qui a décrété un embargo à son encontre, la junte lui fait appel pour soutenir ses efforts “dans la lutte contre l'immigration clandestine”, annonçant la mise en place d'une commission de surveillance de ses frontières. Le message s'adresse particulièrement à l'UE qui a mis en œuvre ses menaces. La junte a précisé que son action s'étend à ses frontières terrestres, maritimes, pour barrer la route aux jeunes Africains, candidats au voyage risqué en Europe. La Mauritanie est devenue, ces dernières années, un important point de départ et de transit de clandestins, essentiellement ouest-africains, en route vers l'archipel espagnol des Canaries. La junte qui dirige le pays depuis le 6 août, après le renversement du président élu, Sidi Ould Cheikh Abdallahi, a été largement condamnée par la communauté internationale qui exige le retour à l'ordre constitutionnel. La Mauritanie est menacée de sanctions par plusieurs de ses bailleurs de fonds, occidentaux notamment. Tandis que Washington a annoncé des restrictions de voyage contre certains membres de la junte, son gouvernement et ses soutiens, la France, ex-puissance coloniale, souffle le chaud et le froid à l'égard des militaires mauritaniens. Sarkozy, qui, jusque-là, avait prôné la fermeté, commence à mettre de l'eau dans son vin. Dans une interview à RFI, Alain Joyandet, son secrétaire d'Etat à la coopération et à la francophonie, a déclaré : “La solution, elle est compliquée… Ce coup d'Etat-là, il a quand même une connotation un peu particulière !” Paris se cache derrière l'opposition mauritanienne et les collectifs des droits de l'homme qui ne demandent pas “d'une manière ferme et définitive” le retour du président Sidi Ould Cheikh Abdallali dans ses pouvoirs précédents. La secrétaire d'Etat américaine a, par contre, ordonné le 16 octobre des mesures de restriction sur les voyages aux Etats-Unis contre certains membres de la junte et du gouvernement ainsi que contre d'autres individus qui soutiennent des politiques ou des actions compromettant le retour de la Mauritanie à l'ordre constitutionnel. D. Bouatta