Troisième personnage du pays, après le guide spirituel de la révolution, l'ayatollah Khamenei, et le président de la République Mahmoud Ahmadinejad, le président du Parlement, Ali Laridjani, est connu pour ses positions tranchées en faveur d'une pratique stricte de la religion, aussi bien dans les mœurs sociales que politiques. Pourtant, conscient que son intransigeance se heurte à une volonté farouche de bons nombres d'Iraniens à plus se laisser embrigader par les dogmes de l'islamisme, il affirme que “l'idéologie islamique, pratiquée en Iran, est fondée sur des principes rationnels”. À l'hôtel olympique où nous l'avons rencontré, avec trois confrères de l'ENTV, de l'Expression et de Chourouk El Youmi, jeudi 9 octobre, il se tourne vers Laleh Iftekhari, députée portant le tchador, pour la citer comme l'exemple du reflet idéal de l'Iran officiel. “Mme Iftekhari est représentante au Parlement. Elle porte, comme ici, le hidjab au siège du Parlement et elle veut être dans cette image. Dans notre pays, la problématique principale est que la culture et l'éducation islamiques sont appliquées de manière radicale dans le respect de la volonté du peuple.” Probablement dans un souci d'éloigner la suspicion sur le régime islamique tel qu'exercé en Iran, il précise : “Nous considérons certaines actions extrémistes, dans certains pays musulmans, sur les positions politiques et les questions sociales, contraires aux orientations du Coran et de la Sunna du Prophète”, dans une allusion aux actes terroristes commis par des islamistes. Interpellé sur la probabilité que l'institution d'une république islamique en Iran incite des parties à suivre la même voie, sur instigation des autorités iraniennes, tel que fut le cas pour l'Algérie à l'époque de la montée en puissance du FIS dissous, M. Laridjani rétorque qu'il n'y a nul “besoin d'exporter l'idéologie islamique et la révolution iranienne de cette manière. Nous n'avons pas de velléités de nous ingérer dans les affaires internes des autres pays ou imposer quoi que ce soit aux autres”. Il ne manque pas d'ajouter néanmoins que la révolution de 1979 contre le règne du shah “a posé une vision nouvelle pour le monde musulman. En Iran, nous sommes prêts pour tout djihad qui lavera les blessures des musulmans”. Pour cette raison, la République islamique d'Iran soutient le combat du Hamas palestinien “arrivé au pouvoir législatif de manière démocratique”, précise notre interlocuteur, et celui du Hezbollah au Liban. À vrai dire, dans les turbulences qui secouent le Proche-Orient, l'Iran joue tantôt le rôle de pompier tantôt celui de pyromane. Selon les analystes, le pays a tout intérêt à ce que les conflits armés vécus par ses voisins perdurent pour que le Conseil de sécurité des Nations unies et plus particulièrement les Etats-Unis ne focalisent pas davantage leur attention sur lui et ses activités nucléaires. Les autorités iraniennes manifestent, a contrario, une grande solidarité avec les Etats sur lesquels l'administration de la Maison-Blanche a la mainmise. “Les Etats-Unis doivent bien comprendre leur situation dans la région. Ils doivent s'interroger si leurs projets en Irak, en Afghanistan, en Palestine et au Liban ont été couronnés de succès ou pas ? S'ils savent qu'ils ont commis des erreurs, ils auront une volonté de changement. Nous saluons toute action visant à instaurer la stabilité dans la région. Pour l'heure, nous avons des indications sur l'absence de programmes de l'administration américaine pour la région.” Il loue, à ce titre, la démarche du Congrès américain, visant à engager un dialogue politique avec les parlementaires iraniens. “Il existe une possibilité rationnelle que les Parlements réduisent les conflits internationaux. Les commissions d'amitié interviennent dans le domaine politique.” S. H.