Le président socialiste bolivien Evo Morales est parvenu à un accord avec ses adversaires politiques, qui devrait permettre l'adoption d'une nouvelle Constitution. Cet arrangement est intervenu après l'arrivée à la Paz devant le palais des Congrès d'une marche de plus de 100 000 Boliviens, essentiellement des Indiens. La nouvelle Constitution, qui envisage l'avènement d'un Etat fondé sur les valeurs des Indiens et vise à ancrer dans les textes les principes d'une économie socialiste, doit être approuvée le 25 janvier par la population lors d'un référendum national. Au cœur d'une lutte intense pour le pouvoir entre le président amérindien et des représentants de la droite majoritaires dans les régions riches du pays, la Constitution a été adoptée l'an dernier par une assemblée constituante lors d'une séance boycottée par l'opposition. Morales dit avoir obtenu le soutien à un référendum de la part de ses adversaires de droite au Congrès. Ils étaient jusque-là farouchement hostiles à la nouvelle Constitution parce qu'ils trouvaient qu'elle donnerait trop de pouvoir au premier chef de l'Etat bolivien d'origine indienne. Les parlementaires de droite au Congrès ont renoncé à s'opposer au référendum à la suite d'une concession faite par le Président, qui a accepté de limiter à un seul autre le nombre de mandats qu'il pourra encore exercer. La question des mandats présidentiels s'est avérée l'un des points d'accroc majeurs des négociations de la semaine dernière. Le gouvernement voulait que Morales puisse effectuer encore deux mandats, alors que l'opposition voulait que Morales, qui a été élu en décembre 2005, ne puisse en faire qu'un autre. Faisant une concession à l'opposition, le vice-président Alvaro Garcia a déclaré lundi que Morales serait seulement candidat à un second mandat. Le projet de nouvelle Constitution permettrait à un président d'effectuer deux mandats consécutifs de cinq ans, contre un seul mandat pour le moment. Morales a également annoncé la tenue d'élections législatives en décembre 2009. Morales est un proche du président vénézuélien Hugo Chavez, qui se veut l'héritier politique de Fidel Castro et qui est la bête noire des Etats-Unis en Amérique du Sud. Washington a essayé de déstabiliser le président bolivien, mais le président Bush s'est trouvé isolé dans un continent latino majoritairement à gauche. D. B.