Le 22 octobre, de 10h à 13h, une conférence a été organisée par la CCFC, au siège de l'Iniscom. Quatre experts, connus, animaient cette conférence dans une salle qui s'est avérée trop exiguë pour la circonstance. Il s'agit des docteurs A. Lamiri, N. Bouyahiaoui, M. L. Hamdi et de M. Gharnaout, expert financier et commissaire aux comptes. Les quatre conférenciers se montrent unanimes à propos de la gravité de la situation de crise vécue par les marchés financiers mondiaux. Ils admettent aussi que, tôt ou tard, elle aura un impact sur l'économie algérienne. Cet impact sera plus ou moins grave selon les actions entreprises par les pouvoirs publics pour faire face à cette crise. Le Dr Abdelhak Lamiri expose trois scénarios de réponses possibles. “Jusqu'ici, à propos de la crise actuelle des marchés financiers, on a eu toute la panoplie des réponses possibles. Certains experts prévoient un impact négatif fort sur l'économie algérienne, d'autres pensent qu'il sera moyen, et quelques-uns pensent qu'il sera faible ou négligeable. Pour ma part, tous ont tort”, énonce M. Lamiri, avant de préciser sa pensée : “Tout dépendra de ce que nous comptons mettre en œuvre pour y faire face, avant d'espérer connaître le niveau des répercussions possibles sur l'Algérie. Quant à moi, je pense qu'il s'agit là d'une formidable opportunité pour réaliser des réformes et les faire passer. Par contre, la situation actuelle pourrait mener à la catastrophe si l'on continue simplement à se contenter d'injecter des ressources, à fonds perdus, dans l'économie telle qu'elle se présente actuellement.” Devenant plus précis, M. Lamiri prend l'exemple des plans sectoriels concoctés par les ministères. À ce propos, il énonce qu'en Algérie, “on dispose de 30 cervelles, mais pas d'un vrai cerveau. Car, même si les plans sectoriels sont excellents, nous ne disposons ni de compétences humaines ni d'institutions capables de les porter, de les réaliser !” On doit faire de la prospective, et pour cela, certains repères sont très importants. Les indicateurs classiques, pour ce qui est de cette crise, sont de peu d'importance. Les vrais repères, ceux dont on doit tenir compte, sont, par ordre d'importance : 1- l'évolution de la productivité, car le taux de croissance économique, à lui seul, peut signifier tout simplement qu'on injecte de l'argent ; 2- l'état de la recherche développement qui est en soi un excellent indicateur ; 3- le taux de création d'emplois et d'entreprises (PME/PMI) ; 4- le système éducatif, du point de vue quantité et qualité, car aucun développement n'est possible en l'absence d'un système d'éducation national performant. Le docteur Lamiri cite le débat en cours entre les deux candidats à la présidentielle américaine. Obama affirmant que “80% de la sécurité nationale des USA dépendent du niveau de notre éducation nationale”. Le conférencier note que les programmes économiques appliqués jusqu'ici ont été copiés sur des modèles des pays avancés. “Le modèle keynésien, qui préconise l'injection de l'argent public dans l'économie afin de la fouetter, n'est pas applicable. Et pour preuve, l'échec des divers plans de relance engagés à ce jour.” Afin de répondre à cette crise, trois scénarios possibles : 1- ou l'on continue d'injecter l'équivalent de 15% du PIB pour obtenir 5% de croissance et on court à la catastrophe à plus ou moins long terme ; 2- on garde les réserves dans les banques, et des problèmes resurgissent avec émeutes, etc. ; 3- on opte pour une politique économique rénovée, ce qui est souhaitable, en mettant beaucoup d'argent à la disposition du développement humain. Djamel Zidane