L'Algérie est faiblement touchée par la crise financière qui secoue actuellement le marché mondial. C'est un véritable tableau noir de l'économie algérienne qui a été dressé par une pléiade d'économistes algériens, invités hier à s'exprimer sur «la crise financière internationale et ses impacts sur l'économie algérienne», thème de la conférence-débat organisée par la Confédération des cadres de la finance et de la comptabilité (Ccfc) au siège de l'Institut international des sciences commerciales et de management (Iniscom) à Alger. Ces experts ont indiqué que l'Algérie est faiblement touchée par la crise financière qui secoue actuellement le marché mondial. Mais il faut signaler que «notre pays, a un pactole de 3 ans maximum pour en être à l'abri; au-delà de cette durée, ce sera la catastrophe si la crise persiste». Selon le Dr Nacer Bouyahiaoui, «notre économie est déconnectée de la sphère internationale. Pour cette raison, notre pays est faiblement touché par cette crise». L'intervenant a rappelé que «la crise a commencé en 2006 mais elle a éclaté en février/mars 2007 et pris de l'ampleur depuis juillet dernier». Commissaire aux comptes et ancien directeur à la Banque d'Algérie, M.Mohamed Ghernaout a souligné que «l'Algérie jette dans la poubelle environ 60 milliards de dollars par an, ce qui est l'équivalent de 600.000 logements sociaux». A ses yeux, «cet argent est gaspillé dans l'assainissement des entreprises publiques et la recapitalisation des entreprises et des banques». Il a déclaré, en outre, que «l'Algérie est faiblement touchée par la crise financière pour le moment mais si les prix du pétrole baissent au-dessous de 50 dollars le baril, nous allons vivre la même situation catastrophique qu'on a vécue en 1988/1989». Prenant la parole, le président de l'Ordre national des experts-comptables, commissaires aux comptes et comptables agréés, M.Mohamed Lamine Hamdi a rappelé que la cause de cette crise financière est «l'octroi de crédits de façon exagérée. C'est ce qui a mis les comptables au banc des accusés. Ainsi, l'Union européenne a ordonné la révision du système comptable». S'agissant de l'impact de cette crise sur notre pays, l'orateur a indiqué que ce sont «les entreprises activant dans le secteur pétrolier qui sont pleinement exposées à ce problème». Il a proposé, de ce fait, qu'il est nécessaire «d'entreprendre une politique pour réguler l'économie de façon à maintenir l'équilibre de ces entreprises y compris celles qui font de l'import/export dont la réalisation des transactions est compromise selon l'évaluation des cours des prix des produits et des matières». Le Dr Abdelhak Lamiri a indiqué que «le taux de productivité en Algérie baisse chaque année. On est à 90 entreprises pour 100.000 habitants». Pour lui, cela est dû à la dégradation du système éducatif. «On ne peut jamais être un pays développé avec un système universitaire en retard. Le système éducatif constitue 90% de notre sécurité nationale. C'est le pilier de notre nation», a-t-il martelé à ce sujet. Il a souligné, au passage, que «notre économie a des fondements fragiles. On a déjà 55% de baisse des cours du pétrole donc de recettes pétrolières». Et de poursuivre que «l'économie algérienne souffre de tuberculose et nous sommes en train de lui donner un traitement destiné à la grippe», pour enchaîner: «On injecte 15% de PIB pour faire 5% de recettes. C'est ce qui prouve qu'on a une économie mal gérée, avec une mauvaise croissance.» L'orateur propose ainsi «qu'il faut mettre beaucoup d'argent dans le développement humain. Celui-ci va de l'éducation à la formation professionnelle ainsi que l'enseignement supérieur sans oublier les PME/PMI, afin d'aboutir à un million de PME, au lieu de 4500».