Dans les bois et les prés, ils sont des dizaines d'habitants de la région de Yakourène (50 km au nord-est de Tizi Ouzou) à s'adonner quotidiennement en pareille période, notamment les week-ends, au ramassage des champignons. Un passe-temps pour certains, un loisir pour d'autres, mais un plaisir avant tout pour beaucoup de personnes qui ne cachent pas leur joie en marchant à petits pas dans la forêt tout en chantant et en fouillant sous les broussailles et les feuillages séchés des arbres de chêne zen et de chêne-liège à la recherche de ces végétaux. En effet, les dernières pluies suivies de journées ensoleillées, un climat favorable, ont donné des poussées records à travers cette région, un vrai régal pour les amateurs et les habitués de ce sport. Ainsi, en l'absence d'infrastructures et de lieux de divertissement et de loisirs dans cette commune qui accuse un retard énorme en matière de développement, la collecte des champignons se fait par enchantement, mais aussi pour fuir et briser une routine quotidienne qui perdure depuis plusieurs années. Adultes, petits enfants accompagnés de leurs parents, fonctionnaires, chômeurs, médecins… sont autant de personnes qu'on croise fréquemment dans les bois, les yeux fixés au sol, sac ou besace tenue dans une main en attente d'être rempli, un bâton dans l'autre main pour faire tourner l'herbe du fait que les champignons se cachent généralement sous l'herbe et/ou les feuillages d'arbre, surtout que ces végétaux n'ont ni racines, ni feuilles, ni fleurs, ce qui les rend difficile à apercevoir. Ainsi, le bâton permet de dégager tout ce qui peut s'entasser sur ces végétaux. “Pour moi, se rendre dans la forêt pour ramasser les champignons, c'est surtout une randonnée pédestre, au milieu d'une nature de toute beauté. Ces longues promenades me permettent de changer d'air après une semaine chargée de travail derrière mon bureau”, nous a déclaré Karim, fonctionnaire de son état. Les champignons poussent dans le sol et sont immobiles. Il existe de nombreuses espèces dangereuses, vénéneuses, voire mortelles, et d'autres comestibles. Les plus appréciées sont les cèpes, les bolets ou les girolles, trois espèces qui poussent en quantité et en qualité dans cette région. Néanmoins, une grande connaissance de ces végétaux doit être de mise pour éviter toute erreur entre les champignons comestibles et non comestibles, comme l'amanite phalloïde ou les morilles, par exemple, qui contiennent des substances dangereuses mais qui disparaissaient à la cuisson. C'est la raison pour laquelle il faut les faire bien cuire avant de les manger. D'autres variétés sont comestibles tout de suite après la cueillette, mais deviennent toxiques quelques jours plus tard. De ce fait, avant de cueillir un champignon, il est donc indispensable d'apprendre à identifier les espèces toxiques. “Il y a plusieurs espèces qui poussent dans cette forêt, dont des espèces consommables et des espèces toxiques, il faut donc faire très attention à ce qu'on jette dans les sacs”, nous a fait savoir un berger de la région. En réalité, il n'existe aucune astuce pour savoir si un champignon est comestible ou vénéneux. En cas de doute, mieux vaut ne pas le cueillir et surtout ne pas le manger ou, dans le pire des cas, demander conseil aux connaisseurs et spécialistes. H. A.