La réunion des dissidents du Congrès national africain (ANC), pour préparer leur scission, s'est ouverte hier à Johannesburg. Des milliers de dissidents du (ANC), le parti au pouvoir en Afrique du Sud depuis la chute de l'apartheid en 1994, se sont réunis pour préparer leur scission à quelques mois des élections générales. Le leader de la dissidence qui a éclaté après la démission forcée du président sud-africain Thabo Mbeki, l'ex-ministre de la Défense Mosiuoa Lekota, a ouvert la Convention en scandant un slogan de la lutte anti-apartheid qui rythme habituellement les réunions de l'ANC : “Amandla !” (pouvoir). Mais il a enchaîné en marquant la différence. “Vive la Convention !” a lancé “Terror” Lekota, ancien combattant contre le régime ségrégationniste blanc, répondant aux chants des délégués. Près de 7 000 personnes sont arrivées vendredi dans la capitale économique sud-africaine pour participer à la convention nationale, qui doit définir un programme politique pour le nouveau parti d'opposition, ont indiqué les organisateurs. Un tiers d'entre les participants, beaucoup plus nombreux qu'anticipé, ne pourront participer aux deux jours de débat, mais y assisteront depuis un stade de Johannesburg où un lien vidéo a été installé, a précisé la porte-parole de la convention, Carin van den Heever. Les Sud-Africains sont invités à contribuer au financement du mouvement dissident en envoyant le mot “démocratie” par texto à un numéro dédié, a-t-elle précisé. Les délégués doivent discuter d'un programme politique, notamment sur la lutte contre la pauvreté qui affecte toujours 43% de la population, jetant les bases d'une nouvelle formation dont le lancement est prévu le 16 décembre. L'ANC, formation hétéroclite ultra-majoritaire au Parlement, connaît une crise sans précédent depuis la chute de l'apartheid. Le parti est ouvertement divisé depuis décembre 2007, lorsque M. Mbeki avait été évincé de la direction du parti par le camp de son rival politique, Jacob Zuma, favori pour la présidence de la République en 2009. En septembre, il a poussé le chef de l'Etat à la démission. “Allons-nous nous taire et ne rien faire alors que tous nos espoirs ont été si ouvertement trahis ?” a interrogé M. Lekota. “Voulez-vous continuer à voir vos noms liés à des comportements (...) qui ne peuvent qu'apporter le désespoir dans le pays ?” “Nous sommes au côté du peuple !” a-t-il lancé, comme en réponse aux partisans de M. Zuma qui voient dans leur héros le seul espoir pour la masse des laissés-pour-compte de la croissance économique encouragée par la politique des deux gouvernements Mbeki. La tension est palpable dans le pays. Ces dernières semaines, les fidèles de l'ANC ont perturbé plusieurs meetings organisés par les dissidents, qui sont pour la plupart des alliés du président renversé. Selon les analystes, la dissidence ne peut sérieusement menacer le parti au pouvoir lors des prochaines élections, trop proches. Mais elle peut écorner la position dominante de l'ANC au Parlement et présente une alternative réelle pour les années qui suivent. “Il est fort probable qu'elle devienne un parti de poids à l'avenir”, estime ainsi Somadoda Fikile, de l'université Walter Sisulu. “Il est positif d'avoir une formation qui défie l'ANC.” L'Alliance démocratique (DA), seul parti d'opposition à se faire entendre sur la scène politique sud-africaine, est largement perçue comme représentant les intérêts des Blancs et des métis. Mais la majorité noire se reconnaît de moins en moins dans l'ANC. Le parti majoritaire n'entend pas céder la place dans la couverture médiatique. L'ANC organise dimanche un grand meeting avec M. Zuma à Soweto, l'ancien township noir au sud de Johannesburg. DJAZIA SAFTA/AGENCES