Le marché informel des devises est dans tous ses états et les lampistes n'arrivent plus à s'expliquer les courbes ascendantes et descendantes des cours en vigueur. Hier, l'euro s'échangeait à 11,30, comprendre par-là que 100 euros équivalent à 11 300 DA, alors qu'il y a moins d'une semaine, il était à 11,40. Prix à l'achat, le revendeur prenant une marge bénéficiaire de 100 DA, l'euro se fait rare et les lampistes ne se pressent pas pour acheter la devise européenne. Houari est ce qu'on peut appeler un connaisseur dans le domaine des devises fortes et malgré son expérience du marché, il avoue volontiers ne plus savoir sur quelles bases fluctuent les prix. “Il était à 10,10 puis à 10,40 en passant par 10,20 et 10,80 depuis septembre et je ne pense pas que la crise mondiale explique tout”, affirme-t-il. Le pic a été atteint, il y a une dizaine de jours, lorsqu'il a culminé à 11,80. Cependant, à partir d'Oran, les “spécialistes” sont formels pour dire que ce sont les gens de l'Est qui plombent le marché. “C'est eux qui cassent les prix”, explique Houari, un sourire en coin. “Les plus grands importateurs sont là-bas”, ajoute-t-il encore, en montrant un point dans l'espace qui se veut être le levant. Il évoquera, au détour de la discussion, les fausses informations balancées par un quotidien arabophone sur les tarifs estivaux de l'euro. “Je ne sais pas s'ils ont été mal informés ou c'est à dessein qu'ils ont donné des taux de change erronés, mais ça a fait bouger le marché, tu peux me croire, et dis-leur d'arrêter d'écrire n'importe quoi sur le sujet”, conclut-il. À Oran, le marché informel est directement et étroitement contrôlé et surveillé par quelques grossistes qui orientent le marché selon des codes qu'eux seuls maîtrisent, mais il arrive que des “dérapages” se produisent et que les cours s'emballent, à la hausse ou à la baisse, pour que l'un des gros pontes de la devise boive la tasse. Une singulière histoire circule dans le milieu des initiés racontant la déconvenue d'un grossiste en devises localisé à M'dina J'dida et qui aurait perdu près de trois millions d'euros après la chute des cours du change. Un taux qui est toujours régi par le jeu de l'offre et de la demande, l'un des fondamentaux du marché informel puisqu'il influe directement sur le prix de la devise. Selon Majid Aït Habouche, économiste et maître de conférences à l'université d'Oran, les prix du marché parallèle évoluent en fonction de l'offre et de la demande, elle-même parallèle, ainsi que par rapport au taux de change officiel. À propos de l'influence directe de la crise financière internationale, il indiquera qu'il existe plus ou moins une incidence sur le cours des devises mais que le marché parallèle suit l'international avec des proportions moindres. SAïD OUSSAD