Depuis 2001, les dépenses liées au remboursement du médicament ont triplé. De 23 milliards de dinars, elles sont passées à 64,5 milliards de dinars en 2007. Le montant des remboursements est sur le point d'atteindre 70 milliards de dinars en 2008. Les dépenses de la caisse de la Sécurité sociale vont encore accroître à la fin de l'exercice actuel. Le montant des remboursements du médicament pour le 1er semestre de l'année 2008 a dépassé les 40 milliards de dinars, soit une augmentation de plus de 30% par rapport à la même période de l'année 2007, a indiqué à la Chaîne III le directeur général chargé de la Sécurité sociale au ministère du Travail. C'est dire que la décision du gouvernement d'interdire l'importation des produits fabriqués localement vient à point nommé pour soulager un tant soit peu les caisses de la Cnas qui commençaient à se vider sérieusement. En 2007, la Sécurité sociale a remboursé, pour rappel, 50 millions d'ordonnances représentant un montant de plus de 64,5 milliards de dinars. Cette facture a triplé depuis 2001, où le montant des remboursements était de 23 milliards de DA. Mieux, la Sécurité sociale prévoit un montant destiné au remboursement des médicaments évalué à plus de 70 milliards de DA en 2008. La mesure prise par l'Exécutif a été motivée par l'analyse de la situation du secteur du médicament effectuée auparavant par le ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale. Le constat est clair : la courbe de la facture de l'importation va crescendo, tandis que celle des cotisations stagne et baisse en différentes périodes de l'année. Les cotisations ne suffisent plus pour le remboursement des médicaments. Le ministre du Travail a déclaré, il y a à peine deux mois, que la caisse de Sécurité sociale, qui a déboursé, en 2007, 141,2 milliards de dinars, dont 64,5 milliards dépensés dans le remboursement des médicaments, “risque de connaître à l'avenir un déficit financier”. D'où, indique-t-il, la nécessité de réfléchir à de nouvelles sources de financement. Le ministre affirme que son département privilégie la rationalisation des dépenses de la Sécurité sociale en encourageant la généralisation des médicaments génériques. Le tarif de référence pour le remboursement des médicaments peut être un des mécanismes les plus efficaces pour privilégier la fabrication locale. Ce prix applicable à la liste complémentaire des médicaments est entré en vigueur en principe dès le mois d'octobre dernier. Etablie en juin 2008 par le gouvernement et publiée dans le Journal officiel le 2 juillet dernier, cette nouvelle liste concerne 180 dénominations communes internationales (DCI), représentant 2 100 à 2 500 marques. L'idée d'instauration d'un tarif de référence devrait avoir, en fait, comme objectif la préservation de ce merveilleux outil de solidarité que sont les caisses de la Sécurité sociale. L'instauration d'un tarif référentiel pour les médicaments vise, selon Tayeb Louh, ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, la rationalisation des dépenses et l'encouragement d'une politique nationale du médicament favorisant l'investissement. Une nouvelle politique de rationalisation des dépenses et d'augmentation des recouvrements semble être les autres ressources profitables aux caisses de la Sécurité sociale. “Nous voulons améliorer les ressources de la Sécurité sociale afin de préserver ses fondements”, a affirmé le ministre. Mais dans la pratique, des irrégularités peuvent surgir concernant l'interdiction des importations de produits fabriqués localement. On peut citer les produits qui disposent des mêmes indications thérapeutiques, mais ayant été fabriqués sous des formes différentes. Ainsi, il se peut qu'un producteur local fabrique, par exemple, un produit contre les carences en magnésium sous forme de “Pidolate” de magnésium, alors que ce même médicament est importé en oxyde de magnésium. Si les formes diffèrent, l'indication thérapeutique, l'élément de principe actif qui compose la dénomination commune internationale (DCI), à savoir le magnésium, est la même. À ce moment-là, les pouvoirs publics, conformément à la décision du gouvernement, doivent interdire l'introduction de ce médicament qui est déjà fabriqué en Algérie. Car une telle mesure encouragera la production nationale grâce à laquelle des richesses et des postes d'emploi seront créés et, par là même, les cotisants contribueront au renflouement des caisses de la Sécurité sociale. Car, il est inadmissible que dans l'un des pays voisins, le secteur du médicament emploie plus de 100 000 personnes qui sont des cotisants potentiels, alors qu'en Algérie, il n'y est recensé que 14 000 employés. Badreddine KHRIS