“La Sécurité sociale fait tout pour aider la production nationale, mais elle ne peut pas ouvrir toute sa liste de remboursement à tous les médicaments, y compris ceux qui n'ont rien prouvé en matière d'efficacité”, indique le directeur général de la Sécurité sociale Les mesures prises récemment par le gouvernement (l'interdiction d'importation des médicaments produits localement et le rétablissement de l'obligation d'investir pour les opérateurs et les laboratoires qui veulent distribuer en Algérie) ont été accueillies favorablement par le secteur de la Sécurité sociale. Des mesures que le directeur général de la Sécurité sociale, au ministère de la Sécurité sociale, du Travail et de l'Emploi, M. Djouad Brahim Bourkaïb, juge “très positives” et qui vont dans le sens “recherché” par le département de Tayeb Louh qui, depuis quelques années, “traque” les dépenses superflues de la santé et du médicament, pour préserver l'équilibre de la Sécurité sociale. Les importations de médicaments ont explosé à 1,4 milliard de dollars en 2007. Pour les 9 premiers mois de l'année 2008, la facture est déjà de 1,284 milliard de dollars, contre 1,022 milliard de dollars pour la même période en 2007, soit une hausse de 25,64%. Les dépenses de la caisse de Sécurité sociale enflent, passant de 54,4 milliards de dinars en 2006 à 64,5 milliards de dinars en 2007, soit 10 milliards de dinars d'augmentation en une année. La facture risque d'être encore plus lourde pour l'exercice en cours, tenant compte du volume des remboursements durant le 1er semestre 2008, en hausse de 30% par rapport au 1er semestre 2007. Il fallait réformer le système au risque de compromettre l'avenir même de la Sécurité sociale. Le directeur général de la Sécurité sociale souligne que les mesures du gouvernement “vont aider la production nationale. Elles vont inciter le partenaire étranger à investir en Algérie, pour pouvoir commercialiser leur produit. Ce qui induira inéluctablement, la création d'emploi, une baisse des prix des médicaments”. Le médicament produit localement coûtera forcément moins cher que celui importé. Le responsable général de la Sécurité sociale au ministère de la Sécurité sociale du Travail et de l'Emploi est convaincu que ces mesures amortiront l'ascension de la facture du médicament. L'enregistrement des produits pharmaceutiques et l'inscription aux listes de remboursement sont des moyens d'orientation et d'incitation puissants que l'Etat peut facilement mettre en œuvre, dans le respect de tous les engagements conclus. Sur ce plan, M. Djouad Brahim Bourkaïb indique que “la liste des médicaments remboursables avoisine actuellement les 1 200 médicaments, 1 199 Dénominations communes internationales (DCI) exactement. Ce qui correspond à plus de 3 200 marques”. La DCI est le “vrai” nom du médicament, c'est-à-dire le nom non commercial. Créée en 1953 par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), cette dénomination est commune aux pays du monde entier ; elle reprend le nom du ou des composants actifs du médicament. Pour expliquer l'étendu de la liste des médicaments remboursés en Algérie par rapport à ce qui se fait dans le monde, le directeur général de la Sécurité sociale précise que l'OMS, dans sa liste de médicaments essentiels, relève qu'il est possible de couvrir les besoins essentiels en médicament de la population avec environ 600 DCI. “Notre liste dans se sens est très généreuse, avec plus de 3 200 marques remboursables. Nous estimons que notre liste de médicaments remboursables couvre largement les besoins de santé de notre population”, précise M. Djouad Brahim Bourkaïb. “C'est une liste évolutive, ajoute-t-il, actualisée chaque six mois et chaque fois que nécessaire”. Cette actualisation tient compte “des médicaments récents, constituant un réel progrès introduits en Algérie, mais aussi des médicaments jugés obsolètes ou dangereux pour la santé, après des études”. Interrogé sur la proportion des médicaments fabriqués localement et qui sont remboursés, le directeur général de la Sécurité sociale regrette de n'avoir pas “les chiffres en tête”, mais il souligne que le ministère de la Sécurité sociale “encourage la production locale par l'introduction des médicaments produits localement sur la liste du médicament remboursable”. Bien entendu, la Sécurité sociale tient compte du service médical rendu. “Nous ne produisons pas toujours les médicaments essentiels”, regrette M. Djouad Brahim Bourkaïb, reconnaissant tout de même l'existence également “des gens qui produisent des médicaments essentiels”. “La Sécurité sociale fait tout pour aider la production nationale, mais elle ne peut pas ouvrir toute sa liste à tous les médicaments, y compris ceux qui n'ont rien prouvé en matière d'efficacité”, indique le directeur général de la Sécurité sociale. M. R.