Les dépenses liées au remboursement sont passées de 26 milliards de dinars en 2002 à 41 milliards en 2004. Largement déficitaire, la Caisse nationale d'assurance sociale (Cnas) compte des millions de cotisants. Ce sont autant de frais engendrés par les missions qui lui sont assignées. Les dépenses auraient pu demeurer raisonnables en application des principes de rigueur et de cohérence dans la gestion des ressources. Or, le trou de la sécu ne cesse de s'agrandir de manière vertigineuse. À titre illustratif, les frais liés au remboursement des médicaments sont passés de 26 milliards de dinars en 2002 à 41 milliards en 2004. L'année prochaine, ils s'élèveront à 49 milliards, soit le double des dépenses en seulement deux ans. Ces chiffres révélés hier par M. Graba, représentant du ministère du travail et de la sécurité sociale, témoignent d'une gabegie ravageuse. Le collaborateur de Tayeb Louh est intervenu au cours d'un séminaire intitulé “Technologies de l'information au service de l'assurance maladie”. Cette rencontre, tenue à l'hôtel El-Aurassi et co-organisée avec Microsoft Algérie, a permis de lever le voile sur les difficultés financières dans lesquelles la Cnas est empêtrée. Outre le doublement des frais de remboursement, la caisse est redevable de forfaits hospitaliers faramineux. De l'ordre de 27 milliards de dinars en 2003, ils s'élèveront à 35 milliards en 2005. Ces charges posent amplement le problème de la maîtrise des frais d'hospitalisation. Elles invoquent, en outre, une médication outrancière. Chaque année, 50 millions d'ordonnances sont remboursées. La fréquence assidue des établissements hospitaliers et des cabinets privés en est l'illustration. Ceci bien que les tarifs des consultations connaissent, eux aussi, une hausse importante. Elle est de l'ordre de 63% en quatre ans (1999-2003). Un ensemble de raisons conduit les Algériens à pousser continuellement les portes des praticiens. Le vieillissement de la population algérienne (6% ont plus de 65 ans) accentue le phénomène des maladies chroniques, comme le diabète et l'hypertension artérielle. La résurgence d'épidémies, théoriquement éradiquées, explique, en outre, la sollicitation accrue des structures de santé et les frais qui en découlent pour la Sécurité sociale. Au volet du remboursement des médicaments, le laxisme en matière de gestion et de contrôle est la première cause des abus. Le trafic des vignettes étant une pratique courante, l'appétit lucratif des industriels et importateurs pharmaceutiques est également stigmatisé. Dans son intervention, le représentant du ministère du travail a préconisé une série de mesures afin de lutter contre l'exploitation des fonds de la Cnas. Entre autres recommandations, M. Graba a appelé à une plus grande vigilance, notamment dans la déclaration des salariés et la lutte contre le travail informel, et ce, avec le concours de l'Inspection du travail. Mettre fin aux abus dans les prescriptions médicales est le second volet de cette mission de contrôle. La création d'une carte à puce avec la collaboration du créateur de logiciels informatiques Microsoft s'inscrit dans la stratégie défendue par le département de M. Louh. Cette carte comportera le profil du patient et les prescriptions dont il a fait l'objet. Il reste à savoir si ce système est efficace. D'autres formules déjà mises en route et censées réduire les dépenses, telles que le tiers payant, ont hélas montré leurs limites. S. L.