Ces jeunes chefs de micro-entreprises sont outrés “par le comportement laxiste, voire complice de certains responsables censés eux mêmes combattre le piston et la corruption”. Devant les obstacles et les difficultés de toutes sortes qu'elles ont rencontrés, des dizaines de micro-entreprises créées à la faveur des différents dispositifs d'emploi, notamment l'Ansej et la Cnac, au niveau de la wilaya de Boumerdès ont jeté l'éponge alors que d'autres se préparent à suivre la même voie. “Je n'arrive pas à arracher des marchés au niveau des administrations puisqu'ils sont attribués avant même la consultation”, affirme Saïd, patron d'une jeune entreprise, qui dit être surpris par “l'ampleur du piston et de la tchippa érigés en règle au niveau de certaines administrations et entreprises publiques”. Saïd a soumissionné au niveau de l'APC de sa localité et dans d'autres structures de la wilaya de Boumerdès mais, à chaque fois, son offre est rejetée. “Ils attribuent les marchés toujours à la même entreprise, et ce n'est pas la peine de vous faire un dessin”, affirme-t-il. Autre victime de cette situation, Djamel, un jeune entrepreneur en peinture de Boudouaou, qui affirme lui aussi ne pas comprendre l'absence de contrôle et le laisser-aller qui règnent dans ces organismes publics où, dit-il, “certains fonctionnaires attribuent des marchés à des entreprises venant d'autres wilayas du pays, pénalisant ainsi de nombreuses entreprises locales”. Djamel se dit “outré par le comportement laxiste, voire complice de certains responsables censés eux-mêmes combattre le piston et la corruption” et se demande pourquoi créer des entreprises pour ensuite leur fermer la porte, précisera-t-il. D'autres jeunes patrons éprouvent des difficultés à rentabiliser leur matériel qu'ils ont payé au prix fort, alors que d'autres pensent déjà aux problèmes de remboursement qu'ils vont rencontrer avec les banques sans même avoir travaillé. Ces obstacles ont découragé même les micro-entreprises qui ont réussi leur parcours, à l'image de ce patron d'entreprise de nettoyage qui a avoué au wali de Boumerdès, lors d'une réunion consacrée à l'emploi tenue mercredi dernier, qu'il a été contraint de partir travailler à Tlemcen pour éviter la dissolution de son entreprise qui emploie une dizaine de travailleurs. “Toutes les portes sont fermées ici au niveau de tous les services et organismes de la wilaya”, a affirmé le jeune homme au chef de l'exécutif qui tenait à entendre de vive voix ces jeunes entrepreneurs victimes de la bureaucratie. Une jeune fille de Hamadi, qui a mis en place, grâce toujours à l'Ansej, un laboratoire de contrôle de qualité, affirme éprouver des difficultés à rentabiliser les équipements qu'elle a acquis. Mais la surprise vient d'un jeune homme de la commune d'Ouled Heddadj qui a monté une entreprise spécialisée dans l'immobilier employant plus de 65 travailleurs et qui lâche crûment à l'adresse du wali et de tous les membres de l'exécutif : “J'ai pu pénétrer les wilayas du pays, mais je n'ai pu jusqu'à aujourd'hui exercer la moindre activité dans la wilaya de Boumerdès.” L'aveu bouleversant de ce jeune homme a incité le wali de Boumerdès à prendre des décisions radicales, dont une consiste à demander à toutes les administrations de favoriser ces jeunes entreprises et de leur faire appel lors des différentes consultations lancées à leur niveau. “Avec toutes les potentialités qui existent dans cette wilaya et le nombre important de chantiers en cours, il ne doit pas y avoir de chômage”, a-t-il relevé. M. T.