“On a envoyé au ministre de l'Education nationale une correspondance l'invitant à introduire l'enseignement des droits de l'Homme à l'école, mais il n'y a pas eu de suite. Faute d'enseignement des droits, on a produit des zombies.” Ce constat sévère émane du Dr Abbas Kheireddinne, président de la section Algérie d'Amnesty Inter-national. “La promotion des droits de l'Homme consacre le recouvrement de la dignité humaine”, a-t-il affirmé à Liberté en marge de la conférence organisée, jeudi passé, à l'hôtel El-Djazaïr, à Alger, à l'occasion du lancement de la campagne mondiale de sensibilisation pour la lutte contre la pauvreté. Cette campagne qui intervient, faut-il le préciser, à la veille de la célébration du 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'Homme, vise à “prévenir et faire cesser les atteintes aux droits humains qui induisent et accroissent la pauvreté”, a indiqué le Dr Abbas. Considérant que la pauvreté n'est “ni une fatalité ni un fait naturel”, il a estimé que “maintenir des êtres humains dans des conditions de vie indignes est le fait de gouvernants, d'entreprises et autres acteurs politiques et économiques participant à l'ordre mondial actuel”. Le défi n'est-il pas colossal lorsqu'on sait que la pauvreté est parfois le fait de pays dépourvus de ressources ou encore de régimes autoritaires ? “Les gouvernants, qui ont signé la Déclaration de 1948, n'ont pas tenu leurs engagements. Les associations de la société civile doivent faire pression sur les gouvernants, mais on ne peut pas, cela dit, avoir une société civile dans un Etat faible. Nous, en tant que section algérienne, nous voulons la vulgarisation et la promotion de la culture des droits de l'Homme”, a expliqué le Dr Abbas. Interrogé sur l'évaluation que fait cette ONG de la situation des droits humains en Algérie, le conférencier a indiqué qu'Amnesty International Algérie a pour vocation de “faire de la promotion des droits. Quand il y a violation, il ne nous appartient pas de la dénoncer”. Et de préciser que c'est à la mission qui séjourne régulièrement en Algérie — son séjour est tributaire de la délivrance des visas par les autorités algériennes — qu'échoit le rôle d'établir le rapport qui sera publié en 2009. En 2005, cette mission avait rencontré des membres du gouvernement et de nombreux acteurs de la société civile, mais sa demande de visa en 2007 a été refusée. Mourad BelaIdi