Le président Abdelaziz Bouteflika a mis fin, hier en Conseil des ministres, à la polémique suscitée par les partis d'obédience islamique sur la décision du gouvernement d'Ahmed Ouyahia de supprimer la filière des sciences islamiques dans l'enseignement secondaire. Après avoir déploré « les calculs politiciens qui ont vu le jour » autour de cette décision, le Conseil des ministres, présidé par le président Bouteflika, a confirmé dans son communiqué final, repris intégralement par l'agence officielle APS, le maintien de cette mesure. Autrement dit, il n'y aura plus de baccalauréat sciences islamiques. Une telle « sentence » est venue à point nommé réconforter la position du chef de l'Exécutif qui a eu déjà à préciser au sein du Conseil de la nation, avec fermeté, que cette mesure est « définitive et irréversible ». Le MSP, qui a cinq ministres au gouvernement dont son président, Bouguerra Soltani, s'est attaqué à maintes reprises à Ahmed Ouyahia, l'accusant d'avoir intégré dans le projet de réforme du système éducatif des mesures qui n'ont rien à voir avec le programme du président de la République. Le parti de M. Soltani est allé encore plus loin en demandant l'intervention du premier magistrat du pays pour annuler cette décision, arguant qu'elle porte atteinte aux constantes nationales, à savoir la triptyque arabité, islamité et amazighité. Le MSP a même déclaré une fois que cette décision est une « pure invention » d'Ahmed Ouyahia. Ce dernier a, ainsi, demandé, lors de son passage au Sénat, à « ceux qui sont contre » de parler en Conseil des ministres. Allusion faite aux ministres MSP. Ceux-ci se sont-ils opposés lors de ce conseil à cette décision ? Ont-ils défendu leur position ? En tout cas, le parti de M. Soltani a pris une gifle, une sorte de désaveu du président de la République. Le Conseil des ministres a réaffirmé, cependant, que la place de l'éducation islamique sera non seulement préservée, mais aussi renforcée dans le système éducatif, « en œuvrant pour son maintien en tant que discipline à part entière dans les programmes officiels du ministère de l'Education nationale ». Comme aussi l'enseignement de la langue arabe comme langue d'enseignement de toutes les disciplines à tous les niveaux du système éducatif. Il est également décidé de « réhabiliter et renforcer l'enseignement de l'histoire » en corrigeant et réimprimant certains manuels et en intégrant de nouvelles méthodes à même d'améliorer la qualité des enseignements dispensés. Mais aussi en augmentant le volume horaire dévolu à cette discipline. Ces derniers points seront examinés profondément en un autre Conseil des ministres, est-il précisé dans le communiqué, suivant les recommandations du Président. Le chef de l'Etat a insisté sur la nécessité d'ouvrir l'école algérienne davantage sur les sciences et les langues étrangères. Ainsi, il a exhorté le ministre de l'Education nationale à préparer un travail de fond et à accompagner les mesures exposées d' « un sérieux effort dans l'élaboration des ouvrages scolaires, mais aussi et surtout la formation et le recyclage des enseignants ». Au chapitre des écoles privées, le premier magistrat du pays a confirmé la mise en garde de son ministre de l'Education, qui a exhorté les établissements scolaires privés « à s'astreindre, dès la rentrée scolaire de septembre prochain, au respect des programmes officiels de l'éducation nationale », à savoir dispenser leurs enseignements en langue arabe, sous peine de retrait d'agrément et de fermeture. Dans la foulée, le Président a instruit le gouvernement Ouyahia d'élaborer un projet de loi édictant « les obligations des établissements privés d'enseignement et les sanctions encourues en cas de violation de celles-ci ». Autre dossier abordé : la justice. Ainsi, le Conseil des ministres a adopté, par examen approfondi, l'avant- projet de loi modifiant et complétant le Code de procédure pénale. Ce nouveau texte de loi, qui sera soumis au Parlement lors de la prochaine session automnale, est de nature à mettre en conformité le code en vigueur avec les pactes et conventions des droits de l'homme ratifiés par l'Etat algérien. Il est aussi de nature à protéger davantage les droits et les libertés individuels et à imposer le respect du principe de la présomption d'innocence. Aussi, à la faveur de ce nouveau texte, le parquet verra l'élargissement et le renforcement de son action ainsi que celles des juridictions d'instruction et des officiers de police dans le traitement du crime organisé. Il est à souligner également le droit conféré au plaignant (ou aux victimes) « d'être informés des décisions de classement sans suite, réservées à leurs plaintes pour leur permettre de prendre les dispositions qu'ils jugent utiles à la défense de leurs intérêts ». Il y a aussi le renforcement des prérogatives du parquet en matière de contrôle de la garde à vue. Plusieurs autres mesures sont également prévues, en matière de lutte contre le crime transnational organisé.