Dans tous ces cas de figure, Ouyahia va hériter, au mieux, de vice-Premiers ministres faire-valoir ou, au pire, de concurrents directs au poste qui n'attendraient qu'une défaillance de sa part. Alors que la nouvelle constitution a déjà été envoyée à l'impression, un nouveau processus agite le microcosme politique. Qui sera désigné comme vice-premier ministre ? Un poste qui suscite des interrogations quant à sa pertinence dans le nouveau dispositif. Ahmed Ouyahia est un homme poli. À la question de savoir qui va “lui tenir la main” pour faire son métier de premier ministre, le chef du RND se réfugie derrière l'arsenal des articles amendés de la nouvelle constitution. Sa discipline gouvernementale lui interdit de se prononcer sur ce chamboulement constitutionnel qui touche, également, le poste qu'il occupe et qu'il occupera encore après sa démission formelle. Les observateurs politiques ne savent pas quoi penser de ces prochains “lieutenants” du premier ministre. S'agit-il de ministres d'état existants qui changeront de costume pour la circonstance ? S'agit-il d'une manière de léguer au premier ministre le soin de coiffer des conseillers dont on ne sait pas quoi en faire à la présidence ? Ou est-ce un trident gouvernemental qui assoira la domination sans faille de l'alliance présidentielle sur la composante du gouvernement ? Dans tous ces cas de figure, Ouyahia va hériter, au mieux, de vice-premiers ministres faire-valoir ou, au pire, de concurrents directs au poste qui n'attendraient qu'une défaillance de sa part. Sur les deux protagonistes “naturels” que sont le FLN et le MSP, les choses semblent claires. Belkhadem se dit déjà contre, alors qu'on ne lui a rien demandé, tandis que Soltani, en difficulté interne, veut un “contrat” pour son parti dans cette nouvelle configuration. Un poste qui lui sauvera la peau dans son parti. En un mot, cette initiative constitutionnelle ne servira pas à grand-chose sauf à promouvoir ou propulser des candidats en dehors de la sphère de l'alliance présidentielle. Des profils “indépendants” ou non partisans, auquel le président Bouteflika pense. Et puisque rares sont les personnes qui savent à quoi pense réellement le président, on en restera là en termes d'hypothèses. Reste, néanmoins, que ce réajustement constitutionnel a donné des frissons dans le dos de certains ministres qui ne passeraient pas l'hiver. Ouyahia, qui avait accepté de reconduire une équipe dont certains membres lui sont franchement inamicaux, saura-t-il imposer de nouveaux venus dans un gouvernement qui a besoin de sang neuf ? À moins que cette question soit également subsidiaire et sera renvoyée à un calendrier post-élection présidentielle. M. B.