C'est le cri d'alarme lancé mercredi par des praticiens du centre de santé de Carteaux à Oran qui accusent les baraquements de leur structure d'être cancérigènes et d'avoir provoqué le décès de sept de leurs collègues. Selon ce collectif qui est venu hier à la rédaction, un échantillon de cette bâtisse, vielle de 80 ans tenue à l'époque coloniale par des religieuses, a été analysé par un laboratoire indépendant hors de la ville et surtout agréé par les tribunaux. Le résultat physico-chimique dont nous tenons copie est à l'évidence sans appel : “L'échantillon en question qui joue le rôle d'isolant thermique et phonique peut présenter un danger sur la santé des occupants si le plafond sera percé ou endommagé”. Plus loin le rapport ajoute : “Nous avons constaté que cet échantillon est un mélange de laine de verre, un faible pourcentage d'amiante.” Amiante ou pas amiante, le résultat pour les employés est le même malheureusement. Entre 2000 et 2007, deux médecins décédaient du cancer, deux agents leur emboîtaient le pas pour les mêmes raisons ainsi que trois infirmières. L'une, après 32 ans de service et deux mois avant de sortir en retraite (cancer du sein), et l'autre, un mois après sa mise à la retraite, elle a été foudroyée par un cancer du cerveau. Six mois à peine s'étaient écoulés entre les deux décès. Un chirurgien-dentiste à la phase trois de la maladie se soigne actuellement à la chimio et à ses propres frais. Le collectif affirme que 28 travailleurs, tous services confondus, sont déjà atteints sur le plan pulmonaire et quelques-uns ont des difficultés à respirer. Il regrette que le dépistage n'ait pas été fait correctement, pas scanner, par exemple. En son temps et par la médecine du travail en particulier. Et même si ce dispensaire est officiellement fermé aujourd'hui pour éviter d'autres accidents de ce type, et demain, pour les survivants de l'établissement, de quoi sera-t-il fait ? M. MOHAMMEDI