C'est une véritable opération de descente de commandos qui a eu lieu jeudi au siège de la mouhafadha de Mostaganem. La désignation par le secrétaire général du FLN, il y a tout juste 48 heures, d'un nouveau mouhafedh en la personne de M. Benzaza est à l'origine de ce déferlement de violence de la part de militants farouchement opposés à Benflis. Ainsi, vers 14h, ces militants investissent littéralement le siège du FLN et prennent en otage le nouveau mouhafedh qui, selon des témoignages, se trouvait seul. Dans la foulée, les opposants à Benflis saccagent les locaux et s'acharnent sur les portraits du secrétaire général de leur parti. Pris à partie, M. Benzaza, craignant apparemment pour sa vie, sort son arme. il est aussitôt maîtrisé, son arme arrachée des mains et se voit reconduit, sans aucune autre forme de procès, vers la sortie se faisant signifier vertement de changer de “métier”. Les nouveaux “locataires” installent leur mouhafedh, M. Bouamrane, secrétaire général de l'UGTA pour la wilaya de Mostaganem. Présent dans la salle, Si Afif, qui déjà le 23 mai dernier avec une trentaine de ses partisans, avait empêché violemment la tenue d'une rencontre régionale que devait présider Benflis (voir notre édition du 24.05.2003), est tout simplement ovationné. Dans une conférence de presse qu'il organise aussitôt, il confirme et réitère les propos incendiaires qu'il avait déjà tenus, estimant même : “C'est un grand jour pour nous... Nous avons repris la mouhafadha...” Et de poursuivre : “Nous voulons des élections libres pour la désignation du mouhafedh, qui doit être faite par la base militante du parti...” Reprenant ensuite ses critiques sur le déroulement du 8e congrès, la volonté de Benflis d'embrigader le parti et de chercher “à exclure les fidèles militants”, Si Afif justifie ainsi les actions menées le 23 mai et jeudi dernier : “Les militants ne doivent pas attendre pour agir...” Plus loin, l'orateur dénonce la corruption qui caractérise, selon lui, les hommes mis en place par Benflis. Benzaza ne sera pas épargné sur ce chapitre, puisque Si Afif dira à son sujet qu'il a été “condamné à la prison ferme pour malversation”. Les députés du FLN ne sont pas épargnés par Si Afif, qui fut par le passé député. À l'attention de ses ex-collègues, il dira : “Il faudrait les payer avec des jetons de présence. Cela fera des économies à l'Etat !” Mais il est dit que désormais au FLN les débats ne se déroulent qu'à coups de poing et autres prises d'assaut et de violence physique. En effet, ce vendredi, ce seront les partisans de Benflis qui voudront imposer à leur tour leur légitimité en reprenant la mouhafadha. Les affrontements entre les deux clans seront violents. Plusieurs blessés sont à dénombrer ; il aura fallu l'intervention de la police pour mettre fin à la bagarre. Six arrestations ont eu lieu, avons-nous appris. Le triste spectacle se poursuivra avec “le retour triomphant de Benzaza”, qui, à son tour, déclarera à la presse : “Nous avons réussi à déloger ces hors-la-loi et à leur tête Si Afif... La tentative de putsch a échoué...” M. D. / F. B.