Le juge espagnol Baltasar Garzon a renoncé à instruire lui-même son enquête sur les disparus du franquisme, en se désaisissant hier au profit des tribunaux locaux compétents, conformément à l'avis du parquet, a-t-on appris de sources judiciaires. Le juge Garzon avait ouvert une instruction controversée mi-octobre sur les républicains espagnols victimes des exécutions sommaires des franquistes pendant la guerre civile (1936-39) et les premières années de la dictature (1939-75), inscrites selon lui dans "un contexte de crimes contre l'humanité". L'Audience nationale, le tribunal madrilène dont il dépend, avait bloqué le 7 novembre son enquête sur ces quelque 114 000 disparus enterrés dans des fosses communes, le temps d'examiner un appel du parquet contre sa compétence. Le parquet estimait que les "enlèvement illégaux" visés par le juge Garzon dans son instruction n'étaient pas du ressort de l'Audience nationale mais des tribunaux des provinces où avaient disparu les victimes des franquistes. Il contestait la volonté du juge d'enquêter sur les crimes des franquistes, jugeant qu'ils étaient couverts par une loi d'amnistie votée en 1977, deux ans après la mort du dictateur Francisco Franco, et que la notion même de crimes contre l'humanité ne pouvait être retenue car elle était postérieure aux faits. R. I./Agences