La journée mondiale marquant la ratification de la Convention des droits de l'enfant sera consacrée, cette année, à la lutte contre les abus sexuels envers les enfants. À cette occasion, la Fondation algérienne de la sauvegarde des droits de l'enfant de Aïn Témouchent (FASDE), et ce, en collaboration avec la fondation Terre des hommes, une ONG basée en terre helvétique, consacre deux journées, les 19 et 20 novembre, de sensibilisation et de formation sur la maltraitance des enfants. En effet, la maltraitance et les abus sexuels envers les enfants ont été les deux sujets abordés ce mardi par Mme Samia Aït Belkacem, représentante de la fondation TDH-Algérie, lors d'une conférence de presse qu'elle a animée à la Maison de la culture de Aïn-Témouchent. Après avoir rappelé que la fondation TDH en Algérie a vu le jour en 1960 lorsque son fondateur Edmond Kaiser, en visite dans l'Algérie colonisée, avait été particulièrement touché par la situation de précarité sanitaire et de misère dans laquelle vivaient les enfants des camps de réfugiés algériens, la conférencière a rappelé que Terre des hommes est présente dans 31 pays où le combat est mené pour rendre à l'enfant sa dignité et lui reconnaître le droit de vivre dignement. “L'Algérie a ratifié toutes les conventions dont celles qui se greffent tout autour comme celles relatives à la pornographie et à l'image”, dit-elle. “Nous devons donc faire en sorte que nos enfants sont nés pour être heureux car personne n'est à l'abri de ce phénomène qu'est l'abus sexuel.” La conférencière, qui avait du mal à avancer des statistiques sur les abus sexuels enregistrés en Algérie, renvoie le problème à l'absence de coordination entre les différentes associations qui militent dans ce sens, mais aussi et surtout que le phénomène demeure tabou chez la famille algérienne qui est tenue par le silence pudique lié à la sexualité et donc n'ose pas divulguer l'incident. “À cet effet, une opération de grande envergure doit être menée à travers l'ensemble du territoire national et qui consiste à toucher l'ensemble des acteurs concernés. Ce combat de longue haleine débutera à partir de Aïn Témouchent, désormais considérée comme une wilaya pilote grâce à la disponibilité et à l'engagement de la FASDE, qui a participé aux travaux préliminaires ayant conduit à l'élaboration du plan national en faveur des enfants par le ministère de la Solidarité nationale.” Mme Aït Belkacem a fait état du même travail mené à l'est du pays, plus précisément au Khroub où foisonnent de nombreuses associations dont celle dénommée Ville Santé du Khroub, fondée par M. Aberkane, alors maire de la ville. Selon la conférencière, il convient de profiter de l'expérience internationale et la développer selon la spécificité de notre société. À ce titre, Mme Aït Belkacem nous fera savoir que malgré tous les efforts consentis par les différents services en charge du dossier, l'insuffisance de formation pour la prise en charge des victimes d'abus sexuels demeure une réalité. Même les juges n'ont pas bénéficié d'une formation spécifique sur la maltraitance dans leur cursus. “C'est pourquoi, dira-t-elle, la contribution de TDH, qui tente de diffuser son expérience pour assister la société civile, les directeurs, formateurs, éducateurs, etc, afin de faire front au phénomène.” À ce jour, la fondation TDH a formé 40 directeurs d'établissement primaire et 60 agents relevant du ministère de la Solidarité. Sur un autre registre, Mme Aït Belkacem a abordé le combat mené par la fondation à travers le monde à l'image du Kosovo et de l'Albanie, où le trafic des enfants est devenu légion avec la complicité des parents ou encore au Pakistan avec les enfants des rues qui font face à une exploitation inhumaine. “La fondation s'est même constituée partie civile au Pérou dans une affaire en justice mettant en cause le directeur d'une école qui a été sévèrement condamné. Or, ce n'est pas le cas en Algérie.” Enfin, la conférencière indiquera que la fondation vient d'éditer “un permis de prudence”, un outil pédagogique qui permet à l'enfant d'être armé face à ce fléau. Cet outil sera donc le centre des travaux de la fondation, et dont le but recherché est de former des formateurs professionnels de l'enfance. M. LARADJ