Attribuée au début des années 1990, la cité des 100-Logements de Oued Roumane semble avoir aujourd'hui un siècle d'âge. La description sur papier de son état de délabrement et plus encore de son environnement immédiat ne saurait donner la réalité des lieux tant tout est désolation. Néanmoins nous essaierons à travers quelques données d'interpeller les autorités espérant un minimum d'intérêt pour des habitants qui ne savent plus à quel saint se vouer. À qui s'adresser en effet quand on sait que le premier interlocuteur est en l'occurrence l'OPGI de Tipasa ? Et c'est justement le nœud gordien du problème car comment s'attendre à la célérité dans le règlement de leurs doléances eux qui sont à plus de soixante-dix bornes du chef-lieu de décision. L'antenne de Bousmaïl, qui n'est pas la porte à côté, se contente des instructions de la tutelle. Ainsi, il est clair que la boucle est bouclée pour ces citoyens qui se demandent pourquoi ils continuent de payer les frais d'une administration aveugle et loin d'être à leur écoute. Quant à l'APC d'El-Achour dont ils dépendent, une fin de non-recevoir diplomatique a mis fin à leurs espoirs. Pour ce qui est de l'état des lieux, la cité est totalement livrée à elle-même obligeant les habitants à se prendre en charge avec les moyens du bord à commencer par le colmatage par des feuilles d'aluminium des innombrables fuites et infiltrations d'eau dues à la dégradation des joints des panneaux (la cité a été construite par l'ex-SNBTrapal en éléments préfabriqués) amochant certaines façades avec leur aspect. Les contre-marches d'escalier font apparaître le rond à béton rouillé. Le ramassage des ordures se fait selon le bon vouloir des services concernés donnant lieu à des dépôts anarchiques. La distribution de l'eau potable, contrairement à la majorité des quartiers de la capitale, est assurée selon les anciens plannings. À l'exception de deux magasins d'alimentation générale, les locaux à usage commercial (une vingtaine) servent, à défaut de meilleure vocation, de dépotoirs à toutes sortes de détritus et de collecteurs d'eaux usées où prolifèrent été comme hiver rongeurs et insectes nuisibles. La cité étant sans clôture, les habitants ont décidé suite au silence radio des autorités locales d'ériger un mur pour se protéger des rôdeurs. Quelques jours après, la municipalité leur a emboîté le pas pour construire une clôture en parpaings et non achevée à ce jour. Pour rejoindre la cité par route, il faut slalomer car son état ressemble à celui des chemins de campagne alors qu'on n'est qu'à quelques kilomètres du centre de la capitale. À deux ou trois encablures, c'est un autre visage qu'on voit, ce qui a fait dire à un habitant que “les gens d'en haut ne passent pas par la cité des 100-Logements”. Cela résume bien la situation. A. F.