Le marché de voitures d'occasion est en plein boum et semble avoir de beaux jours devant lui. C'est en tout cas le premier constat qui fait actuellement office d'axiome chez les courtiers locaux et qui régit le cours des échanges. Au marché des Castors, les voitures proposées à la vente stationnent pare-chocs contre pare-chocs et leurs propriétaires, à l'affût du client, restent le plus souvent au volant, histoire de ne pas rater la moindre occasion. Les plus récentes côtoient les vieilles immatriculations et les prix s'affichent sur les visages avant même tout marchandage. Des tout-terrains aux berlines de luxe en passant par les citadines, un large éventail de l'automobile est offert dans un espace réduit à deux ruelles adjacentes. Si les mises à prix se bousculent, il n'en est pas de même pour les éventuels acquéreurs, effrayés par la subite hausse de la mercuriale de l'occase. Devant la toute dernière taxe gouvernementale, le client hésite davantage à investir dans la “tôle”. Un paradoxe qui s'explique par le prix affiché chez les concessionnaires, indexé à la nouvelle taxe, le tout conjugué à l'augmentation de la valeur marchande de la voiture d'occasion. Une explication qui en vaut une autre pour Omar, ancien courtier et grand connaisseur du marché de l'occasion. “La taxe sur les véhicules neuves a poussé les consommateurs à se tourner vers le marché parallèle mais là aussi, ils se sont heurtés à une hausse tout aussi importante des prix du véhicule justement à cause de cette même taxe”, argumentera-t-il. Mais le choix est vite fait dans la logique marchande du client puisque sa première préférence ira au marché de l'occase pour deux raisons. “La première est que la bagnole proposée est généralement d'origine allemande, française ou japonaise et la deuxième est à chercher dans le prix même puisqu'il est inférieur au neuf, même s'il a plus de kilométrages dans le moteur”, explique Omar. L'absence d'espace de vente pose un autre problème au marché de l'occasion puisque, selon Abdelkader, photographe de profession et grand amateur de voitures, il n'est pas aisé de trouver la bonne occasion, surtout quand on sait que pour la deuxième ville d'Algérie, il n'y a quasiment pas un marché proprement dit de l'occase. Mis à part les marchés de Remchi à Tlemcen et Mesra à Mostaganem, la région souffre d'un manque d'infrastructures. Pour ceux qui chercheront à justifier le recul des ventes de voitures par les retombées de la crise financière internationale et ses incidences sur l'économie réelle, Tayeb Mahiaoui, tout en reconnaissant le manque à gagner d'au moins 20% pour certains concessionnaires, affirmera que la réponse est à trouver forcément dans la nouvelle taxe imposée par l'Etat. Le distributeur de Peugeot à Oran estime que cette mesure a pénalisé davantage le simple fonctionnaire qui investissait dans de “petites” voitures en passant par la formule du crédit véhicule. “On aurait pu taxer les grosses cylindrées”, proposera encore M. Mahiaoui. Du côté des utilitaires, le marché du neuf n'a pas été touché directement par cette taxe puisqu'à écouter le directeur de la succursale Emin Auto à Oran, commercialisant la gamme chinoise JMC, la crise financière mondiale n'a pas touché leurs produits. “90% de nos véhicules sont utilitaires”, décrète M. Bouziane. Quant au volet prix, on attend la toute nouvelle année pour voir plus clair. “À une seule condition, c'est que les constructeurs baissent leurs prix”, pose comme préalable M. Bouziane. Quant à M. Mahiaoui, il est fort probable que l'on assiste à une réduction des prix des véhicules neufs à partir de janvier. SAID OUSSAD