Les républicains n'ont pas tort de s'interroger sur les changements promis par celui qui a coiffé au poteau leur candidat, le vétéran de la guerre du Vietnam. Obama, le premier président de couleur qui occupera la Maison-Blanche à parti de janvier 2009, n'a pas été trop loin pour monter son équipe. Barack Obama a fouiné dans le vivier de l'ex-président démocrate Bill Clinton, lequel, soit dit en passant, n'a pas été si brillant qu'il ne le revendique aujourd'hui encore. Le choix de faire appel à des collaborateurs de celui qui avait préparé pour ainsi dire la victoire de l'ultraconservateur Bush en 2000 est d'autant plus énigmatique pour la plupart de ses soutiens que le nouveau président devait, avant d'affronter McCain, tailler sans merci dans la croupière de sa rivale à la candidature au sein du Parti démocrate et qui n'est pas moins que l'ex-première dame des Etats-Unis, la compagne de Bill Clinton : Hillary Clinton. Les Américains se demandent si la page de l'affrontement qui l'a opposé à Hillary, des mois durant, au cours d'une interminable primaire qui a même fait craindre l'explosion de leur propre parti, sera tournée.Théoriquement, elle devrait l'être ce jeudi, après la trêve de Thanksgiving. Hillary Clinton prendrait le poste prestigieux de secrétaire d'Etat. Après le vice-président Joe Biden, elle deviendrait ainsi le troisième personnage des Etats-Unis. C'est une décision très politique qui contredit a priori la volonté de "changer la vieille politique" affirmée par le nouveau locataire de la Maison-Blanche. Preuve, assènent les initiés de la politique américaine, qu'on ne tourne pas comme ça la page. Obama court le risque de désillusionner ses électeurs car, avec le retour de l'ex-First Lady, son administration post Bush aura un air de déjà vu. Si Hillary retrouvera des personnes qui ont déjà connu la Maison-Blanche du temps où son compagnon occupait le bureau ovale. À commencer par Rahm Emanuel, le prochain secrétaire général de la Maison-Blanche, il a été le conseiller politique de Clinton à la présidence. David Axelrod n'est pas non plus un inconnu pour elle. Le directeur de campagne d'Obama sera le conseiller spécial du Président sur les questions intérieures. Il a également participé à la campagne d'Hillary Clinton pour le poste de sénatrice de l'Etat de New York. Un poste qu'elle ne quitterait d'ailleurs pas si elle rejoignait le team Obama comme plus personne n'en doute à Washington. Lawrence Summers, qui dirigera le Conseil économique national, fut secrétaire au Trésor de Bill Clinton. Des hommes clés dans une administration annoncée comme une dream team et qui reviennent aux affaires dans une période des plus délicates. Pour les proches d'Obama, c'est ce contexte de crise financière et économique qui incite au pragmatisme et à l'appel à des "gens d'expérience". À cet égard, il se confirme qu'Obama pourrait, par ailleurs, conserver le républicain Robert Gates au poste crucial de la Défense. Pour une transition "en douceur" au Pentagone. Là aussi, on invoque l'expérience pour préparer la sortie du bourbier irakien. Timothy Geithner, nommé au Trésor, est chargé de mettre en œuvre un nouveau plan de dépenses publiques qui viendra en plus du "plan Paulson", d'un montant analogue, pour refinancer les banques. Samedi, Obama avait annoncé qu'il avait demandé à ses conseillers économiques de préparer un plan de relance à même de créer 2,5 millions de nouveaux emplois sur les deux prochaines années. Dans le droit fil de ce qu'avait fait Franklin D. Roosevelt dans les années 1930, Obama a déclaré qu'il entendait remettre les gens au travail en faisant reconstruire des routes et des ponts, en modernisant les écoles et en encourageant le développement des technologies propres : éolien, solaire, automobiles économes en carburant… D. Bouatta