Le MAE n'a pas raté hier l'occasion du point de presse organisé conjointement avec son homologue hollandais, M. Maxime Verhagen, pour tirer à boulets rouges sur les autorités françaises. Voilà qui ne manquera pas sans doute de relancer la polémique entre Alger et Paris. “La France est en train de retenir en otage un des meilleurs diplomates algériens depuis 4 mois, sous prétexte qu'il est ce qu'il n'est pas, c'est-à-dire il y a une confusion de personnes”, a affirmé Medelci. “Je me suis permis d'attirer l'attention du ministre (des Pays-Bas) lorsqu'on a évoqué la question des droits de l'Homme sur une situation paradoxale que les droits de l'Homme sont en train de connaître, dans un pays ami et partenaire, la France”, a-t-il précisé. “Il est invité à faire lui-même la preuve de son innocence, ce qui est contraire à l'un des principes des droits de l'Homme”, a-t-il ajouté. “Aujourd'hui, pour montrer sa bonne volonté, a-t-il encore poursuivi, M. Hasseni a bien voulu aller au-devant du souhait exprimé par la justice française, en subissant des tests et il attend des résultats et éventuellement être confronté avec ceux qui l'ont désigné à tort comme étant la personne qui n'est pas elle-même.” Pour M. Medelci, la présomption d'innocence en France est “quelquefois perdue de vue”. À ceux qui soutiennent qu'Alger a lâché le diplomate, une allusion sans doute aux écrits de la presse, le chef de la diplomatie algérienne a indiqué que “cela n'est pas vrai”. “Nous pensons à lui, mais plus que ça, nous agissons auprès des autorités françaises. Nous avons décidé d'élargir la discussion sur cette question aux autres pays afin d'attirer l'attention sur l'iniquité de cette question”. Pour rappel, le directeur du protocole au ministère des Affaires étrangères, chargé du cérémonial, Ziane Hasseni est accusé de complicité d'assassinat de l'avocat Ali Mecili en 1987, à Paris, un proche de Hocine Aït Ahmed. “Le respect des droits de l'Homme est une nécessité” Dans son intervention préliminaire, M. Medelci a indiqué, à propos de ses discussions qu'il a eues avec son homologue hollandais, que “cela a permis aux deux parties de se connaître” et de définir les axes de coopération future. “On souhaite une coopération substantielle pour le futur. Nous avons une coopération stratégique dans le domaine de l'énergie et nous avons convenu de diversifier la coopération. Il y aura plus d'éleveurs et plus d'élevage, de viande en Algérie”, a-t-il annoncé. Il a ajouté que les deux pays ont pratiquement des positions cohérentes et complémentaires concernant plusieurs questions. Ainsi, sur la question sensible des droits de l'Homme, le ministre des Affaires étrangères a affirmé en s'adressant à son homologue, qu'“Alger est la Mecque des droits de l'Homme”. Cette phrase semblait constituer une réponse, toute diplomatique, à “un passage dans le discours” du chef de la diplomatie hollandaise. Celui-ci, dans son intervention à laquelle ont assisté des étudiants de l'IDRI et des cadres du MAE, a soutenu que “les droits de l'Homme sont au cœur de son action”. “Les droits de l'Homme s'appliquent partout. On ne doit pas bafouer les droits de l'Homme, ils doivent être une priorité de l'UPM (l'Union pour la Méditerranée). Pour nous, c'est une nécessité de respecter les droits de l'Homme”, a estimé le diplomate hollandais et néanmoins historien. Rappelant les volets de coopération entre les deux pays, notamment l'offre à l'Algérie de la base de stockage des hydrocarbures au Pays-Bas, une porte vers le marché européen, M. Verhagen a affirmé que les exportations hollandaises vers l'Algérie ont augmenté de 67% en deux ans. Il a ajouté que son pays souhaite élargir la coopération pour embrasser d'autres domaines comme l'agriculture, la culture, le développement portuaire, l'énergie et les banques. Condamnant “sévèrement” les derniers attentats, qualifiés de “lâches” qui ont touché le pays, le diplomate hollandais a estimé que “quels que soient les objectifs visés, rien ne justifie la violence”. “La communauté internationale ne doit jamais négocier avec les terroristes. Le terrorisme est transfrontalier, il nécessite une coopération transfrontalière.” Par ailleurs, il a dit que son pays est “neutre” dans le conflit du Sahara occidental. Karim Kebir