L'initiative de lancer une campagne de lutte contre les violence faites aux femmes à l'occasion de la Journée internationale “pour l'élimination des violences à l'encontre des femmes”, aura le mérite d'imposer un débat qui dérange presque l'ensemble de la société. Durant près d'un mois, ateliers, concours d'affiches, projections de films et témoignages vont se dérouler dans différents lieux, avec comme objectif d'informer et libérer la parole des femmes qui en sont victimes. La réalité du harcèlement au sein du travail était d'ailleurs le thème de l'intervention de Mme Samira Ghozali, de la Commission nationale des femmes travailleuses (UGTA), mardi dernier, à Oran. Bien que n'ayant pas apporté de bilan concis sur le travail de la cellule d'écoute mise en place depuis 2003, l'intervenante a néanmoins expliqué que ces harcèlements se produisent le plus souvent dans le secteur privé au vue des témoignages recueillis par le centre d'écoute. “Il n'y a pas de profil, le harcèlement touche toutes les femmes, des jeunes et moins jeunes, quelles que soient leurs fonctions et le phénomène tend à prendre de l'ampleur ces dernières années.” Et d'expliquer : “Ces harcèlements se produisent souvent à l'abri des regards et au moment où il faut renouveler le contrat de travail, ou lorsqu'il est question de recrutement, le travail n'étant plus garanti, c'est un chantage qui est soumis à la femme !” La femme, plus vulnérable, plus fragile, subit plus que quiconque les effets pervers de la crise sociale, la crise économique et finalement ne trouve jamais l'appui, le soutien au sein de son lieu de travail et même auprès des syndicalistes. À titre d'indication, il avait été question, explique Mme Ghozali, de créer un second centre d'écoute à Oran, mais “nous avons dû abandonner ce projet. Nous n'avons pas obtenu l'aide et les moyens au niveau des structures locales de l'UGTA et pourtant, Oran est la deuxième ville du pays !” Dans la salle, une femme médecin témoignera que nombre de patientes ayant un emploi, “viennent consulter pour des dépressions, des troubles psychologiques et finissent par avouer qu'elles subissent sur leur lieu de travail des harcèlements sexuels” qui sont à l'origine de leurs malaises psychologiques. Le besoin de soutien, d'écoute et d'aide apparaît au cours des interventions des présentes à cette rencontre, notamment sur l'épineuse question comment apporter devant un tribunal la preuve du harcèlement sexuel, comment en tant que victime obtenir protection, et à quel moment peut-on parler de harcèlement sexuel ? Djamila L.