Une villa somptueuse au centre-ville, dans un quartier insoupçonnable, servait depuis plus d'une dizaine d'années à une activité informelle digne d'une PME. Par le froid glacial de la matinée de samedi, la section de recherches de la gendarmerie de Tlemcen a mis fin à cette activité en procédant à l'arrestation du propriétaire de la maison et de son chauffeur. Le rez-de-chaussée de la résidence après fouille s'est révélé être une usine de fabrication de produits alimentaires, vinaigre, eau de fleur d'oranger, olivette et de détergents, eau de javel, esprit de sel, grésil... Les gendarmes découvriront un véritable laboratoire avec des installations et des matières premières pour la fabrication de ces produits. Ils découvriront également comment ce titulaire d'un registre du commerce de transport et distribution, s'est transformé en producteur loin de tout soupçon. Des factures vierges cachetées, des étiquettes d'imitation, des adresses fictives, des bouteilles d'emballage, de la colle… tout le dispositif d'une industrie légale. Ils ont d'ailleurs saisi des produits libellés sous des “enseignes” et adresses fictives et découvert un puits foré dans le sous-sol où est puisée l'eau servant aux mélanges. En tout, ce sont 1 740 pièces (différents emballages, vides et pleins, ustensiles) et différents produits vendus habituellement en quincaillerie ou en pharmacie comme le savon pour enfants, qui ont été trouvés. Les produits saisis sont envoyés aux laboratoires pour analyse. Ils soulèvent des craintes quant à la santé de la population d'autant plus que le mis en cause n'est pas connu pour avoir un jour exercé cette activité qui nécessite des connaissances en matière de dosage et de normes. Ces produits pourraient représenter un sérieux danger pour la santé. Evidemment, l'individu arrêté a nié ce qui lui est reproché, à savoir exercice d'une activité informelle, falsification et contrefaçon. La réputation de cette wilaya avec ses 170 km de frontière avec le Maroc fait que l'attention est attirée par la multitude d'activités de contrebande qui n'épargne aucun produit avec en haut du tableau le kif, il était quasiment impossible de penser que l'on puisse s'aventurer dans cette activité au profit “lent”. Ce qui a pourtant permis au propriétaire de la PME de détergents de travailler à l'ombre, loin des regards, si ce n'est cette information qui est parvenue, il y a deux semaines, à la section de recherches de la GN de Tlemcen. Lors de son arrestation, l'homme de 52 ans, originaire de la ville, était à bord de son fourgon transportant de la marchandise prête à la livraison. Une cargaison de 130 bouteilles d'esprit de sel sous forme de petits fardeaux sous cellophane, 246 bouteilles d'olivette, quantité qu'explique la demande en cette période, la seule d'ailleurs de l'année où s'intensifie la préparation des olives vertes de conservation, des bouteilles de grésil, de vinaigre, des fardeaux avec étiquettes portant des marques, raison sociale et toutes les indications exigées dans le commerce, et bien entendu pour faire encore plus “vrai”, des factures aussi fictives pour leurrer les services de sécurité lors des contrôles. Autre “pièce” découverte lors de la perquisition de l'usine, des moules de chocolat : une indication certaine sur son intention de diversifier son activité. Les gendarmes ont découvert 150 moules en plastique pour la fabrication de deux gammes de chocolat. Ce qui prouve aussi la parfaite connaissance du terrain du transporteur- fabricant informel, la sensible augmentation des saisies au niveau des frontières dans cette wilaya. En effet, l'audace du bonhomme peut bien se mesurer à l'intensification des activités à la frontière et dont les affaires des GGF ont déjà atteint en termes de saisies durant les dix premiers mois de l'années en cours, plus de la moitié du taux global de l'année écoulée. Une hausse qui donne tout son sens aux appels, à la limite hystériques, des officiels marocains à l'ouverture de la frontière. En matière de drogue, le bilan de toute la frontière avec le Maroc est déjà dans “la frontière” des 20 tonnes saisies depuis le début de l'année. D. B.